
En réponse aux "signaux positifs" émis par le nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, le président érythréen Issaias Afeworki a annoncé l'envoi prochain d'une délégation en Éthiopie pour discuter d'une paix avec son ex-ennemi juré.
Les signaux sont au vert concernant les espoirs de paix entre l’Éthiopie et l’Érythrée. Deux semaines après la main tendue par le régime éthiopien à son voisin, le président érythréen Issaias Afeworki a annoncé mercredi 20 juin l'envoi prochain d'une délégation à Addis Abeba pour discuter d'une paix.
"Comme c'est le cas en Érythrée, les Éthiopiens apprécient aussi de vivre en paix et en harmonie avec leur voisin [...]. Les signaux positifs émis ces derniers jours peuvent aussi être perçus comme une expression de ce choix populaire", a déclaré le président Issaias, à l'occasion d'une journée commémorant les martyrs de la guerre d'indépendance contre l'Éthiopie.
Pour cette raison, "nous enverrons une délégation à Addis Abeba pour évaluer directement et en profondeur les développements actuels, et pour établir un plan en vue d'une action continue à l'avenir", a-t-il ajouté, selon une traduction en anglais de son discours publiée par le ministère érythréen de l'Information.
La ville symbole de Badme
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait amorcé, début juin, un profond changement de politique, en annonçant son intention d'appliquer un accord de paix signé en 2000 avec l'Érythrée et la décision, deux ans plus tard, d'une commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière, qui donnait la ville symbole de Badme à l'Érythrée.
Signé en 2000, l'accord d'Alger avait mis fin à la guerre qui avait opposé l'Éthiopie et l'Érythrée de 1998 à 2000, faisant 80 000 morts. Un désaccord sur le tracé de la frontière avait en partie été à l'origine de ce conflit. En 2002, une commission soutenue par l'ONU avait tranché en faveur de l'Érythrée. L'Éthiopie avait refusé de se conformer à cette décision, sans que la communauté internationale ne lui réclame de comptes, et elle continue pour l'heure à occuper Badme. L'Éthiopie n'a pas indiqué quand ses troupes quitteraient Badme.
L'annonce d' Abiy Ahmed a cependant été mal accueillie à Badme, où les quelque 18 000 habitants craignent de se retrouver sous la coupe de leur ancien ennemi. Elle a aussi provoqué quelques remous au sein de la coalition au pouvoir en Éthiopie, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF). Une de ses composantes, le Front de libération du peuple tigréen (TPLF), dont l'influence semble diminuer depuis l'arrivée au pouvoir d' Abiy Ahmed , a réclamé une réunion d'urgence de l'EPRDF sur le dossier Badme.
Avec AFP