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Les candidats à la présidentielle s'inspirent des méthodes d'Obama

À l'instar de l'ancien candidat démocrate à la Maison Blanche, Barack Obama, plusieurs prétendants à la présidence afghane profite de l'essor du Net pour mener campagne. Avec un succès mitigé.

Tooryalai Totakhil ne s’en cache pas : il est devenu accro à Internet depuis le début de la campagne présidentielle afghane.


Presque chaque jour, cet étudiant en sciences politiques âgé de 22 ans ne peut s’empêcher de se connecter sur Facebook, et d’autres sites web, afin de se procurer sa dose d’informations sur la course à la magistrature suprême.

"Je me rends sur le Net, et en particulier sur Facebook, afin de me tenir au courant du programme et des stratégies des candidats en lice… Je veux pouvoir déterminer qui sera le meilleur président pour le pays", affirme à FRANCE 24 le jeune étudiant de Kaboul.

Pour la première fois dans l’histoire politique du pays, les candidats à la présidentielle, ainsi qu’un nombre croissant d’Agfhans, se tournent vers le Web en vue des élections générales qui se tiendront le 20 août.

A peine huit ans après la chute des Taliban, Internet étend sa toile dans le pays. D’après des estimations du gouvernement américain, l’Afghanistan comptait quelques 580 000 internautes en 2007. Avec plus de 70 % d’analphabètes (sur une population estimée à 31 millions d’habitants), l’accès à Internet semble toutefois loin de se démocratiser.

Face à une demande toujours plus pressante, les cafés internet se sont multipliés dans le pays. Aujourd’hui, de nombreux jeunes Afghans, qu’ils viennent des grandes villes ou des régions les plus reculées, surfent avec autant d’aisance que les internautes des pays industrialisés.

"Je viens de parler avec un ami afghan qui était surpris de recevoir des mails en provenance des provinces les plus éloignées, affirme Thomas Ruttig, diplomate onusien et co-directeur de l’Afghanistan Analysts Network, un centre de recherche basé à Kaboul.



Cyberstars de demain ?

Quand, au début d’avril, il a officiellement lancé sa campagne présidentielle, Ramazan Bashardost, 44 ans, était considéré comme un "gomnaam", c'est-à-dire un candidat qui n’a aucune chance de gagner.

Faute de moyens financiers et de soutiens au sein de la classe politique afghane, la candidature de Bashardost n’avait, a priori, que peu de chance de se faire remarquer. Surfant sur la vague qui a porté le premier Noir à la tête des Etats-Unis, le jeune candidat n’a pas hésité à se présenter comme "l’Obama afghan". Avec un succès certain.

Au cours des derniers mois, Bashardost s’est donc inspiré des méthodes de l’ex-candidat à la présidentielle américaine. Et s’il n’est toujours pas possible de faire des donations online sur son site officiel, Bashardost a mis au point un dispositif permettant aux membres de la diaspora afghane de déposer des chèques en dollars américains sur son compte de campagne.

Mais davantage que sur les sites officiels, c’est sur Facebook que le véritable affrontement virtuel se déroule. Bashardost bénéficie ainsi d’une douzaine de pages "Supportez Bashardost" sur le célèbre réseau social. Certaines d’entre elles comptabilisent jusqu'à 700 membres.

Son rival Ashraf Ghani, ex-ministre des Finances, peut quant à lui se targuer d’avoir inspiré 15 groupes Facebook, dont certianes d'entre elles possèdent 800 membres. La page "Un million (de personnes) pour Ashraf Ghani" en totalisait plus de 740 au dernier décompte.

Méfiance envers les médias privés

Bien que populaires sur le Web, Ghani et Bashardost peinent à obtenir la même audience que les poids-lourds politiques du pays. Fort de ses soutiens au sein d’une société afghane encore traditionnelle et tribale, le président sortant de l’Afghanistan, Hamid Karzaï, reste le grand favori du scrutin. Selon un rapport publié par le Comité électoral indépendant, le numéro un afghan bénéficie, en outre, d’une plus large couverture médiatique que ses rivaux.

Il faut dire que les nombreux journaux, stations de radio et chaînes de télévision qui ont vu le jour ces dernières années ne font pas preuve de la plus grande impartialité. Détenus principalement par des leaders religieux et des chefs de tribu, ces nouveaux médias privés consacrent la grande majorité de leurs informations aux hommes politiques pour lesquels ils ont jeté leur dévolu. Et c’est précisément ce manque d’objectivité flagrant qui a poussé Tooryalai Totakhil à se tourner vers le Web.

"Il a y une grosse différence entre ce que vous voyez dans les journaux et à la télé, et ce que vous pouvez trouver sur Internet, explique le jeune afghan. Je ne fais pas confiance aux chaînes de télévision. C’est pour cela aussi que beaucoup de mes amis préfèrent utiliser Internet. Et avoir accès à une plus grande variété d’opinions."