
Les Irlandais se prononcent vendredi par référendum sur la libéralisation de l'avortement. Alors que le ton monte entre les pro et anti-IVG, ils pourraient abroger cette loi qui reste l'une des plus restrictives d'Europe.
Trois ans après la légalisation du mariage homosexuel, les Irlandais sont-ils prêts à libéraliser l'avortement ? Le référendum historique sur cette question, organisé vendredi 25 mai dans tout le pays, pourrait, si le oui l'emporte, abroger le 8e amendement de la constitution irlandaise.
Cette loi, introduite en 1983, a été assouplie en 2013, pour les cas où la mère est menacée. Aujourd'hui, en Irlande, le viol, l'inceste ou la malformation du fœtus ne sont pas des raisons légales d'avorter.
Tous les récents sondages donnent le oui en tête, avec de 56 % à 58 %, mais les quelque 14 % à 17 % d'indécis peuvent encore changer la donne. "Le résultat du référendum n'est pas couru d'avance", soulignait récemment le journal The Irish Times. L'organisation de ce référendum était une promesse du Premier ministre Leo Varadkar, arrivé au pouvoir en juin 2017, qui avait jugé la loi "trop restrictive".
On Friday, I will be voting Yes. Watch this video to find out why and retweet if you’re voting Yes too. #rtept #8thRef #together2vote pic.twitter.com/DNre8DKXdj
Leo Varadkar (@campaignforleo) 22 mai 2018Depuis le début de la campagne, le combat des pro-avortement a pris le visage d'Amanda Mellet, contrainte de partir au Royaume-Uni pour se faire avorter d'un fœtus présentant une malformation mortelle. S'estimant victime de la législation irlandaise, elle avait saisi la Commission des droits de l'Homme des Nations unies, qui lui a donné raison. Dublin a fini par lui accorder un dédommagement de 30 000 euros.
"Il y a eu des tentatives pour changer la loi (…) pour les situations de malformation fœtale mortelles, mais elles n'ont pas abouti", a expliqué à l'AFP Amanda Mellet, soulignant que seul un "changement constitutionnel" pourrait changer la donne.
Selon l'association pro-avortement MayoTogether4yes, 269 femmes ont quitté le comté de Mayo pour rejoindre le Royaume-Uni pour avorter entre 2012 et 2016.
269 women have travelled from Mayo to the UK for a termination between 2012 and 2016.
These are your sisters, mothers, aunts, nieces, girlfriends, wives, friends, neighbours and daughters.
Please VOTE YES on the 25th.#mayo4yes #t4y #voteyes @Together4yes pic.twitter.com/eCdvMHOT5W
De leur côté, les anti-IVG ("pro-life") partisans du "non" à la libéralisation de l'avortement critiquent les mesures qui pourraient suivre : avortements sans condition jusqu'à douze semaines de grossesse, et jusqu'à vingt-quatre semaines pour raisons de santé. Pour Cora Sherlock, porte-parole de la "Pro Life Campaign", le référendum reste "gagnable, parce que les gens ne veulent pas d'un avortement à la carte". Bien qu'officiellement contre l'avortement, l'Église catholique d'Irlande est restée relativement discrète durant la campagne sur ce référendum historique.
Images de trisomiques
Dernièrement, le ton est monté entre les deux camps, et le Premier ministre irlandais a dénoncé l'emploi d'images de personnes trisomiques par le camp anti-avortement, une "nouvelle tentative" selon lui des "partisans du 'non' de salir le débat et de créer la confusion".
Des professionnels de la médecine prenant position dans le débat ont été assaillis de critiques, et des pro-avortement ont appelé à "la rébellion" contre les grands médias nationaux et une majorité des députés, accusés d'être de mèche avec le camp pro-IVG.
Les réseaux sociaux ont également joué un rôle central dans la campagne référendaire, le camp du "oui" appelant les Irlandais de l'étranger à rentrer au pays pour voter, via le mot clef #hometovote.
Flying #HomeToVote from Edinburgh this morning for a more caring and compassionate Ireland. #repealthe8th #Together4Yes @ScotIrishARC @LdnIrishARC @Together4yes pic.twitter.com/P7o0XuJipq
Olivia FureYES (furious) (@OliviaFurey1) 23 mai 2018Pour limiter les risques de manipulation sur Internet, Google et Facebook ont annoncé le blocage des publicités électorales financées par des groupes étrangers.
Avec AFP