L'enquête sur l'attaque au couteau à Paris s'est poursuivi lundi avec la prolongation dans la soirée des gardes à vue de trois proches de Khamzat Azimov.
Les gardes à vue de trois proches de Khamzat Azimov ont été prolongées, lundi 14 mai dans la soirée, pour déterminer si le jihadiste, qui a tué un homme le 12 mai à Paris, a bénéficié de complicités pour cet attentat qui a relancé le débat sur le suivi des personnes fichées pour radicalisation.
Le juge des libertés a prolongé les gardes à vue du père et de la mère de Khamzat Azimov, ainsi que celle d'Abdoul Hakim A., 20 ans, ami d'enfance de l'assaillant qui a été interpellé à Strasbourg, ville où la famille Azimov a vécu plusieurs années.
Abdoul Hakim A. est suivi par les services de renseignement depuis son mariage religieux avec Inès Hamza, une Francilienne radicalisée de 19 ans qui avait tenté de partir en Syrie. En janvier 2017, elle avait été mise en examen pour association de malfaiteurs à visée terroriste et placée sous contrôle judiciaire dans une instruction à Paris où trois autres femmes sont impliquées, selon des sources proches de l'enquête.
C'est en raison de ses liens avec son ami que Khamzat Azimov avait été entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle. À Strasbourg, ils étaient "tout le temps ensemble au lycée et en dehors", ont raconté à l'AFP d'anciens camarades de classe.
Lors d'une perquisition au domicile familial d'Abdoul Hakim A. dimanche après-midi, sept téléphones ont été saisis, mais le portable qu'il utilisait le plus souvent, demeurait introuvable.
Azimov était également inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste (FSPRT), mais "plutôt" en raison de "ses relations [que de] son propre comportement, ses agissements et prises de position", selon une source proche du dossier.
Le débat sur les fichés S une nouvelle fois relancé
Trois jours après cette attaque au couteau contre des passants par une personne fichée S (pour "sûreté de l'État") depuis l'été 2016 et revendiquée par l'Organisation de l'État islamique, le débat en France autour de la surveillance des personnes radicalisées a de nouveau été relancé.
La présidente du Front national, Marine Le Pen a affirmé que les fiches S "ne servent à rien". L'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a pour sa part estimé que la France devait "resserrer [son] organisation" en matière de renseignement face au terrorisme, car "il y a des trous énormes dans [son] filet", mais aussi engager "un dialogue multilatéral avec les pays sources de terrorisme".
Le député LREM Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du Raid, a quant à lui proposé de trier ces fiches, en confiant à un "groupe de haut niveau [le soin de] purger le bas du spectre des fichés S".
Face aux critiques et à certaines voix réclamant l'internement des individus les plus dangereux, Jacqueline Gourault, la ministre auprès du ministre de l'Intérieur, a fustigé des critiques "politiciennes, et plutôt très à droite, voire d'extrême droite".
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a de son côté rappelé dans le journal gratuit CNews, que "les fiches S servent toutes les semaines à démanteler des réseaux, à empêcher des attentats".
Avec AFP et Reuters