
Policiers et militaires tunisiens étaient autorisés pour la première fois dimanche à voter lors d'une élection municipale. Sous la dictature, un droit de réserve strict les maintenait à l'écart de la vie politique.
C'est une grande première dans l'histoire de la Tunisie. Policiers et militaires se rendent aux urnes dimanche 29 avril à l'occasion des élections municipales. La nouvelle loi électorale autorise en effet le vote des forces de sécurité et de l'armée.
Au centre de Tunis, un policier vient de voter pour la première fois dans sa carrière et ne cache pas sa joie en sortant de l'isoloir.
"C'est une journée historique ! Finalement nous sommes considérés comme les autres citoyens", confie à l'AFP cet homme qui a préféré garder l'anonymat.
Sous la dictature en Tunisie, les autorités interdisaient aux policiers et militaires de voter en estimant qu'ils devaient maintenir un devoir de réserve strict et rester complètement à l'écart de la vie politique.
"Un acquis historique"
Mais après la révolution de 2011 qui a vu l'émergence de syndicats chez les policiers -interdits jusqu'alors-, ces derniers ont réclamé le droit de vote. La nouvelle loi électorale autorise désormais le vote des forces de sécurité et de l'armée uniquement aux municipales, un scrutin qui doit permettre de consolider la transition démocratique dans l'unique pays rescapé du Printemps arabe.
"C'est un acquis historique pour la Tunisie", se réjouit Seifallah Hichri, président de l'association "Afek pour les agents de sécurité de l'Intérieur et de la douane" qui contrôle le déroulement de ce vote grâce au soutien de l'ONG pour la transparence I Watch.
Les policiers et militaires votent dimanche alors que le reste de Tunisiens se rendront aux urnes le 6 mai.
Un droit contesté
Policiers et militaires ne peuvent pas participer aux campagnes électorales ni assister aux meetings publics, regrette toutefois Seifallah Hichri.
"Ce droit est tronqué, vu le nombre des restrictions imposées", a jugé de son côté Moez Dabbabi, vice-président de l'association Afek.
Des syndicats de police ont appelé à participer en masse à ce vote, mais une organisation a appelé au boycott.
"L'institution sécuritaire est à la disposition du peuple et il faut qu'elle soit neutre, avec ce vote elle ne le sera pas", a déclaré à un média tunisien Chokri Hamada, porte-parole du Syndicat national des forces sécuritaires de l'Intérieur.
Depuis la chute de la dictature de Zine el-Abidine Ben Ali en 2011, les municipalités sont gérées par de simples délégations chargées des affaires courantes, ce qui a affecté sensiblement le quotidien des Tunisiens.
Avec AFP