
La Chine est elle aussi touchée par la crise économique. Elle a enregistré, en novembre, une double baisse de ses exportations et des investissements étrangers, tout en préservant un excédent commercial record de 40,1 milliards de dollars.
AFP - La Chine a accusé en novembre une double baisse de ses exportations et des investissements étrangers, nouveau signe de l'emprise de la crise économique mondiale sur son économie, selon des chiffres officiels publiés mercredi.
Tout en enregistrant le mois dernier un nouvel excédent commercial record, de 40,1 milliards de dollars, le pays asiatique a vu baisser de 2,2% sur un an ses exportations, encore en progression de 19,2% le mois précédent, ont annoncé les Douanes.
Il s'agit du premier recul des exportations depuis 2001, selon l'agence officielle Chine Nouvelle.
L'excédent résulte principalement de la baisse brutale des importations (-17,9%) dû à la chute des prix des matières premières, comme le pétrole, selon Qu Hongbin, analyste de HSBC à Hong Kong.
"Le déclin à la fois des importations et des exportations montre que la Chine, en tant qu'usine de la planète, ne peut absolument pas échapper" à l'impact de la récession mondiale, a-t-il ajouté.
Autre manifestation de la crise: la chute de 36,52% en glissement annuel des investissements directs étrangers (IDE), qui décéléraient depuis dix mois, et ont représenté 5,32 milliards de dollars en novembre.
Cela a ramené leur progression depuis le début de l'année à +26,29%, période durant laquelle ils ont totalisé 86,42 milliards de dollars.
Pour les experts, le ralentissement des IDE -- qui étaient encore en hausse de 35% sur les dix premiers mois de l'année, après +40% sur les neuf premiers mois -- est lié à la crise internationale du crédit qui raréfie les financements des investisseurs potentiels, ou les pousse à l'attentisme, par aversion du risque.
La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) avait estimé dès septembre que les flux mondiaux d'IDE baisseraient de 10% en 2008 après une année record en 2007, à cause de la crise financière.
Mais la Cnuced avait souligné que cinq destinations restaient attirantes pour les multinationales des pays développés: les Etats-Unis et les quatre principaux pays émergents ou BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine).
Pour Sherman Chan, la Chine reste effectivement "un marché au formidable potentiel", mais "ce n'est pas le meilleur moment pour y faire son entrée".
La croissance chinoise a ralenti à +9% au troisième trimestre, son niveau le plus faible en plus de cinq ans et la Banque mondiale prévoit une croissance sous la barre des 10% cette année (+9,4%), qui tomberait +7,5% en 2009.
"Depuis le début de l'année, de nombreuses usines axées sur l'exportation ont fait faillite ou ont dû fermer. La production industrielle, faible en octobre, devrait encore décliner en novembre" faisant "perdre de leur motivation" aux investisseurs étrangers, a commenté Lu Zhengwei, économiste de Industrial Bank.
Mais l'économiste souligne aussi qu'un des attraits passés du marché chinois -- l'appréciation continue du yuan face au dollar -- n'est plus là.
Après trois ans de hausse ininterrompue, la monnaie chinoise stagne depuis juillet et a même connu un épisode de faiblesse qui a inquiété les marchés la semaine dernière.
"Les capitaux spéculatifs qui pariaient simplement sur l'appréciation du yuan, fuient le pays. (Les craintes) de dévaluation et des marges de taux d'intérêt se réduisant, ont découragé les spéculateurs qui avaient tablé sur une montée du yuan", a dit M. Lu.
En revanche, une dépréciation conséquente "pourrait relancer l'intérêt de ceux qui projettent de vrais investissements comme la construction d'usines", en diminuant leurs coûts et en soutenant les exportations, a-t-il ajouté.