Au menu de cette revue de presse internationale, jeudi 15 mars, le bilan de sept ans de guerre en Syrie.
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On consacre cette revue de presse internationale à la Syrie, qui entre ce jeudi dans sa huitième année de guerre.
Tout a commencé par quatre mots inscrits sur un mur par des adolescents de la ville de Deraa, se souvient ce matin Al Araby Al Jadeed. "Jay alek el ddor ya doctor" ( "Ton tour arrive, docteur"). Nous sommes alors en plein printemps arabe, quelques jours, seulement, après la chute d’Hosni Moubarak en Égypte, après celle de Ben Ali en Tunisie. Le message des jeunes de Deraa est sans équivoque : le "docteur" Bachar al-Assad, l’ophtalmologue devenu président, sera le prochain sur la liste.
Sa réponse est elle aussi sans équivoque : une répression féroce, qui déclenche une guerre dont la Syrie n’est toujours pas sortie. Les deux enfants que l’on voit à la Une du journal, deux des quelque 10 millions de Syriens déplacés, n'ont jamais connu la paix. Pourtant, titre le quotidien panarabe de Londres, sept ans après le début de la guerre, "la Syrie veut toujours la liberté et la justice".
De l’espoir, malgré l’épuisement. Le journal La Croix s’est rendu à Damas, toujours tenue par le régime, et où les habitants survivent grâce à l’assistance humanitaire et à l’argent des proches envoyé de l’étranger. À la une, des Damascènes font la queue sur un marché, l’image d’un quotidien presque ordinaire, alors qu’à quelques kilomètres de là, l’armée syrienne et ses alliés pilonne la Ghouta orientale, l’une des dernières poches de résistance du pays. Comment survivre à sept ans de guerre ? "C’est comme une escalade sans fin, on ne voit pas le bout du tunnel, on est désespérés", confie, un intellectuel, anonyme. "Les gens ne savent plus à qui se fier. L’autre, quel qu’il soit, peut être une menace."
L’armée turque bombarde, quant à elle, l’enclave d’Afrin, toujours tenue par la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), considérée comme "terroriste" par Ankara. "Afrin meurt dans le silence du monde", s’indigne L'Humanité, qui est parvenu à entrer en contact avec quatre habitants. Ils témoignent de leur peur de l’arrivée des jihadistes, qui appuient l’armée turque au sol. Adnan Mohamed est amer : "Personne ne nous aide, ni l’Europe, ni l’Amérique. Quand nous donnions notre sang dans les combats contre Daech, tout le monde trouvait ça très bien. Et maintenant, ils vendent notre sang. Tout le monde s’en fout, qu’il s’agisse de l’Europe, de la Russie ou de l’Amérique".
Les combattants kurdes, eux, se disent prêts à affronter encore longs combats, tout comme le petit groupe d’Occidentaux qui se trouvent dans leurs rangs. Ces combattants, Français, Italiens ou Britanniques, contactés, eux, par le journal Le Monde, racontent avoir rejoint le mouvement kurde par sympathie idéologique ou pour lutter contre l'organisation État islamique, et affirment qu’ils soutiendront leurs frères d’armes kurdes "jusqu’au bout". "J’allais quitter la Syrie, mais l’attaque turque m’a convaincu de rester et de continuer le combat", raconte Jamie Janson, un volontaire britannique, qui reconnaît que "cette guerre n’a rien à voir avec celle que contre Daech" et que "m algré les capacités de résistance des Kurdes", ces derniers sont "dépassés militairement".
Un aveu de faiblesse auquel les Occidentaux, eux, ne seraient pas prêts. C’est l’analyse du chercheur Fabrice Balanche, interrogé par France 24, qui estime que les puissances occidentales refusent de s’avouer qu’elles ont "perdu" la guerre en Syrie. Elles "soutiennent les rebelles mais pas assez, de peur de devoir s’investir de plus en plus, d’envoyer davantage de troupes au sol", explique-t-il, ajoutant qu’en France et aux États-Unis, "il y a aussi la crainte que cela devienne comme la Libye". Selon lui, les Occidentaux prolongent le conflit pour "montrer aux Russes qu’ils n’ont pas abandonné le terrain". Ils crient au "désastre humanitaire" à l’ONU, mais quelque part, ils en sont aussi responsables, accuse-t-il, avant de conclure qu’en prolongeant le conflit "pour des raisons géopolitiques, on ne fait que plus de victimes et on crée des bombes à retardement. Il y a une génération entière d’enfants qui n’ont pas été à l’école depuis sept ans, qui sont fragiles, qui pourraient être récupérés un jour par des groupes terroristes. Ça va finir par nous retomber dessus".
L’impuissance de la communauté internationale, évoquée aussi dans un dessin d’Al Araby Al Jadeed, qui montre un Syrien courant au milieu d’un champ de ruines, tenant dans ses bras des Nations unies à l’agonie.
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