Interrogé par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal, le président russe a conseillé à Londres de "tirer les choses au clair", avant d'en parler à Moscou.
Le président russe Vladimir Poutine a conseillé, lundi 12 mars, au Royaume-Uni de "tirer les choses au clair" concernant l'empoisonnement dans le sud de l'Angleterre de Sergueï Skripal, un ex-agent double russe, avant toute discussion à ce sujet avec Moscou.
Interrogé par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie dans cette affaire, le maître du Kremlin a répondu, selon les agences russes : "Tirez les choses au clair de votre côté et après, nous en parlerons avec vous".
Un "jeu très dangereux"
Un peu plus tôt dans la journée, le porte-parole de la présidence russe a estimé de son côté que l'empoisonnement de Sergueï Skripal ne concernait pas Moscou. "Le ressortissant russe que vous mentionnez travaillait pour les services de renseignement britanniques. L'incident s'est déroulé en Grande-Bretagne. Cela ne concerne pas le gouvernement russe", a dit le porte-parole de Vladimir Poutine.
Pour sa part, l'ambassade de Russie à Londres a accusé lundi le gouvernement britannique de jouer un "jeu très dangereux" dans sa gestion de cette affaire.
"La politique actuelle menée par le gouvernement britannique envers la Russie constitue un jeu très dangereux avec l'opinion publique britannique", a affirmé le porte-parole de l'ambassade dans un communiqué. Cela "envoie l'enquête sur une piste politique inutile, et porte le risque de graves conséquences à long terme pour nos relations" bilatérales, a-t-il ajouté.
"Pourquoi ne pas l'empoisonner ? Ça ne coûte rien"
Le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement britannique, Tom Tugendhat, a estimé lundi que l'empoisonnement de Skripal et de sa fille à l'aide d'un agent innervant ressemblait à une tentative de meurtre d'État et dit s'attendre à ce que la Russie soit mise en cause.
Sergueï Skripal, un ancien colonel de la GRU (services de renseignement militaires russes), avait été condamné en 2006 en Russie pour avoir fourni au MI6 (services secrets britanniques) les noms de dizaines d'agents russes, avant d'être gracié en 2010 par Dmitri Medvedev, alors président, puis échangé la même année avec dix espions russes détenus aux États-Unis.
La télévision d'État russe a accusé lundi les autorités britanniques d'avoir elles-mêmes empoisonné l'ancien agent double pour perturber l'organisation du Mondial-2018 en Russie. "Skripal ne servait plus à rien en tant que source. Mais il est très utile en tant que victime d'empoisonnement. Pourquoi ne pas l'empoisonner ? Ça ne coûte rien. Et avec sa fille tant qu'à faire pour rendre la chose encore plus émouvante pour l'opinion publique", a commenté Dmitri Kiseliov, le principal présentateur pro-Kremlin.
Le chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, a prévenu la semaine dernière que Londres pourrait réduire sa délégation officielle qui se rendra à Moscou pour la cérémonie d'ouverture de la Coupe du monde, le 14 juin.
Avec AFP et Reuters