
Le gouvernement grec a suspendu lundi jusqu'à nouvel ordre le championnat de football national, après l'irruption durant un match du président du PAOK Salonique, dimanche, arme à la ceinture pour protester contre l'arbitrage.
Le gouvernement grec a décidé de suspendre lundi 12 mars et jusqu'à nouvel ordre le championnat de football de Grèce, après l'irruption la veille durant un match du président du PAOK Salonique, pistolet à la ceinture, énième épisode d'un long feuilleton de violences dans les stades du pays.
"Nous avons décidé de suspendre le championnat", a annoncé le secrétaire d'État aux Sports, Giorgos Vasiliadis, à l'issue d'une réunion d'urgence avec le Premier ministre, Alexis Tsipras. Les rencontres "ne reprendront pas tant qu'un nouveau cadre ne sera pas mis en place, convenu par tous", a-t-il ajouté, précisant qu'Athènes était "en contact" avec l'UEFA.
Dimanche soir à Thessalonique (nord) le match entre le PAOK et le club athénien de l'AEK a été interrompu après l'irruption sur la pelouse d'Ivan Savvidis, président du PAOK, arme à la ceinture, pour protester contre l'arbitrage. Les images ont depuis fait le tour du monde.
Bienvenu en Grèce où Savvidis père, le président du PAOK, entre sur la pelouse dans le temps additionnel pour protester contre un but refusé à la 90e. Tous les maux de ce pays résumé dans une vidéo. Match arrêté. pic.twitter.com/Q6HVBq8RHN
Football Grec France (@footgrec) 11 mars 2018Recherché par la police
"Cela nous ramène des années en arrière, de tels phénomènes réclament des réponses courageuses", a relevé Giorgos Vasiliadis. Il a indiqué qu'il entamerait "ces prochaines heures" des rencontres avec les joueurs, la Fédération et la Ligue, pour fixer les mesures à prendre.
Le bouillant dirigeant du PAOK, un influent homme d'affaires gréco-russe de 58 ans, était recherché lundi par la police pour "violation de la loi sportive", a indiqué une source policière. "Dans le cadre de la procédure de flagrant délit, Ivan Savvidis sera arrêté s'il est localisé d'ici ce soir, à minuit", a précisé la même source. S'il reste introuvable d'ici là, il pourra ensuite être poursuivi en procédure normale.Selon cette source, il "dispose d'une licence" de port d'arme, et n'est donc pas poursuivi sur ce point.
L'épisode, à la 90e minute, a été déclenché par la décision de l'arbitre, Giorgos Kominis, de refuser pour hors-jeu le but que le défenseur capverdien du PAOK, Fernando Varela, venait de marquer.
L'arbitre, Giorgos Kominis, a ensuite modifié sa décision, accordant le but au PAOK, de quoi hisser le club à la première place de Super League avec une victoire 1-0. Mais il n'a pas pu convaincre l'AEK de revenir sur le terrain pour que le match soit réglementairement terminé.
Saison noire
La saison est de fait très noire pour la Superligue grecque, dont les matches ne se sont jamais autant disputés devant les tribunaux. En cause, des violences récurrentes impliquant les quatre grands clubs, PAOK, AEK, l’Olympiakos (le Pirée) et le Panathinaïkos (Athènes), en dépit d'une série de mesures déjà prises par les autorités, dont le bannissement des stades des supporteurs organisés de ces équipes lors des rencontres à l'extérieur.
Le PAOK avait déjà fait ses 7 premiers matchs à huis clos. Le Pana a démarré avec 2 points en moins. L'Olympiakos a eu un retrait de 3 points après des incidents face à l'AEK. Et pourtant, ce soir, un président débarque armé sur la pelouse d'un match.
Football Grec France (@footgrec) 11 mars 2018Mi-février, Olympiakos avait ainsi perdu trois points et écopé d'une amende de 90 000 euros après l'envahissement du terrain par ses fans suite à la défaite face à l'AEK.
Le club du Pirée, détenu par l'armateur Vangelos Marinakis, aussi influent et controversé que Ivan Savvidis mais crédité lui de soutenir l'opposition de droite, est dans l'attente cette semaine du jugement d'un appel qu'il a interjeté dans cette affaire.
Le PAOK vient pour sa part de récupérer en appel trois points perdus après l'annulation du match du 25 février contre Olympiakos, dont l'entraîneur avait été touché par un rouleau de papier lancé des tribunes.
Cinquante-huit personnes, parmi lesquelles plusieurs joueurs et dirigeants, ont par ailleurs été condamnées fin février à des peines allant de 30 mois jusqu'à 10 ans de prison, certaines avec sursis, dans le cadre d'un vaste scandale de matches truqués ayant ravagé le foot grec en 2011.
Avec AFP