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Le chef de la diplomatie française a déploré à demi-mot, lundi, l'intransigeance des Iraniens sur leur programme balistique et leur rôle dans les conflits régionaux en soulignant qu'il restait "encore beaucoup de travail à faire".
Des entretiens "francs" et "fermes". C'est ainsi que Jean-Yves Le Drian a résumé sa journée de discussions lundi 5 mars à Téhéran avec son homologue Mohammad Javad Zarif, le président iranien Hassan Rohani et l'amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale. Il y a "encore beaucoup de travail à faire" sur la question du programme balistique iranien et de l'influence de l'Iran au Moyen-Orient, a également reconnu le chef de la diplomatie française, qui leur a "fait part des interrogations lourdes de la France sur ces deux sujets".
L'Iran a opposé une fin de non-recevoir au ministre des Affaires étrangères français, venu chercher des gages pour tenter de sauver l'accord international sur le nucléaire iranien menacé par Washington. Le président américain, qui qualifie l'accord d'un des pires accords jamais accepté par les États-Unis, a donné jusqu'au 12 mai aux Européens pour remédier aux "terribles lacunes" de cet accord conclu en 2015. Faute de quoi, Washington en sortira et réintroduira des sanctions contre l'Iran.
Faire pression sur les États-Unis
Selon le ministère des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif a déclaré à son homologue français que l'Europe pouvait "jouer un rôle plus constructif pour préserver" l'accord de 2015 en faisant "pression sur les États-Unis pour qu'ils appliquent leurs engagements".
Paris cherche à obtenir de Téhéran des engagements à modérer son programme balistique et son influence au Proche et au Moyen-Orient – Paris accuse la République islamique de visées "hégémoniques" pour le rôle qu'elle joue notamment en Irak, en Syrie et au Liban. L'Iran a des "programmes balistiques de plusieurs milliers de kilomètres de portée qui ne sont pas conformes aux résolutions du Conseil de sécurité et dépassent les seuls besoins de sécurité des frontières de l'Iran", avait déclaré Jean-Yves Le Drian au Journal du Dimanche avant de s'envoler pour Téhéran, appelant la République islamique à prendre ce sujet "à bras le corps faute de quoi (elle) s'exposera à des sanctions".
La France possède des missiles balistiques stratégiques d'une portée supérieure à 6 000 km pouvant être lancés à partir de sous-marins et les menaces de Le Drian ont été fraîchement accueillies par la presse locale et les autorités iraniennes. Celles-ci assurent n'avoir aucune intention de se doter de l'arme atomique et limiter la portée de leurs missiles à 2 000 km.
De son côté, l'amiral Ali Shamkhani, qui a reçu le chef de la diplomatie française dans son uniforme d'amiral, tenue qu'il réserve habituellement à ses visiteurs militaires, a indiqué que "le renforcement de la capacité défensive de l'Iran, en particulier la puissance balistique du pays, (était) une nécessité inévitable dans le cadre de la politique de dissuasion" de son pays.
"Risque de cataclysme humanitaire" en Syrie
Sur le dossier syrien, Hassan Rohani et Jean-Yves Le Drian n'ont pas affiché des vues plus conciliables. Mettant en garde contre "le risque de cataclysme humanitaire" dans ce pays, "mais aussi sur le risque de conflagration régionale", le ministre français a évoqué "la capacité" de l'Iran à "intervenir de manière vigoureuse" auprès du gouvernement du président syrien Bachar al-Assad, son allié, pour apaiser la situation.
Mais le président iranien a estimé de son côté qu'il n'y avait "aucun autre moyen que de renforcer le gouvernement central à Damas pour régler la crise syrienne".
Avec AFP et Reuters