![Washington et Ankara veulent travailler "ensemble" en Syrie Washington et Ankara veulent travailler "ensemble" en Syrie](/data/posts/2022/07/23/1658554139_Washington-et-Ankara-veulent-travailler-ensemble-en-Syrie.jpg)
Un "groupe de travail" entre les États-Unis et la Turquie a été créé pour tenter de réduire les différends militaires qui les opposent en Syrie. La première réunion est prévue d'ici la mi-mars.
Les États-Unis et la Turquie ont convenu, vendredi 16 février, de travailler "ensemble" en Syrie pour surmonter la grave crise les opposant depuis l'offensive turque contre une milice kurde alliée de Washington. Leur priorité : trouver une solution pour la ville stratégique de Manbij.
La création d'un "groupe de travail" entre les deux pays alliés au sein de l'Otan, mais à couteaux tirés, a été annoncée au terme de la visite du chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson à Ankara. L'Américain a enchaîné deux réunions marathon, jeudi soir avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et vendredi matin avec le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu.
"Nous n'agirons plus chacun de notre côté" en Syrie, a promis Rex Tillerson, lors d'une conférence de presse avec son homologue turc. "Nos deux pays partagent les mêmes objectifs en Syrie", à savoir la défaite de l'organisation État islamique (EI) et la recherche d'une solution politique au conflit, a-t-il soutenu.
"Claque ottomane"
Le conflit syrien cristallise les différends qui s'accumulaient depuis plusieurs mois entre les deux alliés. La Turquie a lancé le 20 janvier une offensive militaire dans l'enclave d'Afrin, dans le nord de la Syrie, visant les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde considérée par Ankara comme "terroriste" mais qui est un allié-clé de Washington dans la lutte contre l'EI.
Surtout, les Turcs menaçaient d'avancer vers Manbij, à une centaine de kilomètres plus à l'Est, où sont également installés des militaires américains aux côtés des YPG. Le président Erdogan avait même laissé planer sa volonté d'y infliger une "claque ottomane" aux Américains.
"La question de Manbij sera traitée en priorité par notre groupe de travail", dont la première réunion est prévue d'ici mi-mars, a précisé Rex Tillerson. Le secrétaire d'État a réitéré à la fois ses appels à la "retenue" à Afrin, notamment pour épargner les civils, et son engagement à prendre en compte les "inquiétudes légitimes" de la Turquie pour sa propre sécurité. Il a insisté pour que cette "ville stratégique et très importante" reste "sous contrôle" de la coalition internationale antijihadiste afin d'éviter un retour de l'EI.
"Il reste beaucoup de travail"
"Nous pourrons effectuer des pas avec les États-Unis en toute confiance lorsque les YPG se seront retirées" de cette ville, "il est nécessaire que les YPG sortent de là", a insisté le chef de la diplomatie turque.
Selon des sources proches du dossier, les discussions portent sur un possible départ de cette milice kurde plus à l'Est, au-delà du fleuve Euphrate, afin que les Turcs puissent se rendre à Manbij aux côtés des Américains. Mais "il reste beaucoup de travail à accomplir", a estimé le ministre américain, refusant d'entrer dans les détails.
Dans un communiqué conjoint, Ankara et Washington s'engagent aussi à "s'opposer vigoureusement à toute tentative de créer des faits accomplis et des changements démographiques en Syrie", dans une apparente allusion à l'expansion des milices kurdes dans le nord de ce pays frontalier de la Turquie. Il s'agit là aussi d'un message d'apaisement des Américains, conscients des craintes des Turcs de voir des embryons d'États kurdes s'enraciner à leurs portes et attiser le séparatisme sur leur propre territoire.
Avant même l'opération turque en Syrie, les désaccords entre Ankara et Washington étaient nombreux, notamment depuis le putsch raté de 2016 en Turquie. Ils ne semblent pas avoir été réglés malgré plus de cinq heures de réunions.
Le secrétaire d'État américain a redit sa "préoccupation" face à l'état d'urgence et aux détentions qui perdurent en Turquie, notamment celles de ressortissants américains ou d'employés locaux des missions diplomatiques des États-Unis.
Avec Reuters et AFP