Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a promis aux producteurs de fruits et de légumes un "plan de soutien immédiat". Les syndicats maintiennent leur refus de régler le remboursement des aides, pourtant demandé par l'UE.
AFP - Les producteurs de fruits et légumes, qui refusent de rembourser des centaines de millions d'euros d'aides, ont décidé de maintenir la pression sur le gouvernement malgré la promesse mardi d'un "plan de soutien immédiat" et de l'examen des "problèmes structurels" de la filière.
"Nous ne paierons pas", a déclaré Jean-Bernard Bayard, secrétaire général adjoint de la FNSEA, principal syndicat agricole français, à l'issue d'une réunion convoquée par le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire.
Le ministre avait annoncé la veille aux producteurs, déjà confrontés à de graves difficultés financières, qu'ils devraient rembourser des aides publiques de quelque 500 millions d'euros, à la demande de Bruxelles.
Ces aides, versées entre 1992 et 2002 pour aider les producteurs face à la concurrence étrangère, sont jugées illicites par la Commission européenne.
Ce n'est pas aux agriculteurs de "payer les erreurs de l'Etat français", a dit pour sa part le secrétaire national de la Confédération paysanne André Bouchut à la fin de la réunion. Selon lui, "aucune décision n'a été prise" à l'occasion de la rencontre.
A son arrivée au ministère, la Coordination rurale avait réaffirmé que le remboursement n'était pas "négociable".
Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, qui avait convoqué la réunion pour tenter de calmer la grogne des producteurs, leur a promis "un plan de soutien immédiat". Il n'a toutefois pas chiffré les mesures qui prévoient notamment la prise en charge de cotisations sociales et de charges financières liées aux emprunts.
M. Le Maire a aussi évoqué la prolongation pour un week-end au mois d'août des ventes au déballage sur les parkings des supermarchés "afin d'écouler la production française". La grande distribution a "promis de jouer le jeu", a-t-il affirmé.
Une "réunion technique avec l'ensemble des acteurs de la filière" se tiendra jeudi au ministère avec les services administratifs et le cabinet du ministre pour préciser les mesures à prendre.
M. Le Maire a souhaité aussi s'attaquer aux "problèmes structurels" de la filière, estimant qu'elle souffrait "de problèmes de compétitivité liés notamment à la question du coût du travail".
La filière emploie de nombreux saisonniers et s'estime pénalisée par rapport à ses concurrents européens par le coût élevé de la main d'oeuvre, un constat partagé par le gouvernement.
Une autre réunion se tiendra en septembre pour trouver "des solutions constructives et pérennes" à la question, a dit le ministre.
Dans la matinée, le président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, qui ne participait pas à la réunion, avait brandi la menace de la mobilisation, tout en laissant une ouverture à la négociation, même si cette demande de remboursement est vécue comme "une véritable provocation".
Ces dernières semaines les agriculteurs, producteurs laitiers en tête, ont multiplié les actions pour dénoncer la chute de leurs revenus.
Le malaise a gagné les producteurs de fruits et légumes, inquiets de la baisse des prix. Ces derniers jours, ils ont eux aussi manifesté, déversant leur production sur la chaussée pour empêcher l'arrivée de fruits en provenance d'Espagne.
Les maraîchers ont vu leurs revenus baisser de 15% en 2008. Ceux des arboriculteurs ont chuté de 37%.
Toutes productions confondues, les agriculteurs ont vu leurs revenus reculer de 20%. Cette situation exacerbe les réactions du secteur agricole, par ailleurs inquiet de l'avenir de la politique agricole commune (PAC) dont jusqu'à maintenant les agriculteurs français ont été les premiers bénéficiaires.