C’est la principale surprise du nouveau gouvernement allemand : le très stratégique ministère des Finances revient aux sociaux-démocrates. Le maire de Hambourg, Olaf Scholz, est pressenti pour remplacer le redouté et respecté Wolfgang Schäuble.
L’ère Wolfgang Schäuble, le Tout-Puissant ministre allemand des Finances, a officiellement pris fin mercredi 7 février. L’accord de gouvernement conclu entre la CDU d’Angela Merkel et le SPD de Martin Schulz prévoit que les très stratégiques cordons de la bourse de la première économie européenne soient remis entre les mains des sociaux-démocrates. Le maire d’Hambourg, Olaf Scholz, est pressenti pour occuper ce poste, d’après les médias allemands.
Exit la groupie numéro 1 de la règle d’or budgétaire européenne, l’homme qui a incarné mieux que personne l’intransigeance de l’Union européenne face à la Grèce. Wolfgang Schäuble a beau avoir quitté ses fonctions pour être depuis octobre dernier président du Bundestag, son ombre continuait à planer sur le ministère allemand des Finances dans l’attente d’un nouveau maître à bord.
Période marxiste
Difficile de déchiffrer dans le passé d’Olaf Scholz, si sa probable nomination est une bonne nouvelle pour Athènes. Durant sa longue carrière politique, débuté à 17 ans au SPD, il n’a jamais donné d’indice sur sa religion financière. Il a bien, dans les années 80, eu sa période marxiste, mais a affirmé par la suite qu’il s’agissait d’une erreur de jeunesse.
Ce vétéran du SPD aurait davantage été à sa place au ministère du Travail – poste qu’il a déjà occupé de 2007 à 2009. Ancien avocat, spécialiste du droit du travail, il fut l’un des plus fervents défenseurs de l’instauration d’un salaire minimum en Allemagne et milite pour un meilleur équilibre entre vie personnelle et professionnelle.
Sa nomination aux Finances ressemble davantage à une récompense pour un poids lourd du SPD. Peu connu en dehors des frontières allemandes, Olaf Scholz était considérée comme un remplaçant de Martin Schulz, si ce dernier avait décidé de ne pas se présenter comme candidat du SPD aux législatives. D’après les médias allemands, le maire de Hambourg était jusqu’à présent cantonné au second rôle politique. Il est dépeint comme “froid, dur et déterminé” : des traits de caractère qui colle mal à la peau d’un politicien.
Au mauvais endroit au mauvais moment
Olaf Scholz a aussi eu le chic de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Lorsqu’il accède au poste de secrétaire général du SPD en 2002, il devient rapidement le bouc émissaire de l’opinion publique, très remontée contre les réformes du chancelier SPD Gerhard Schröder. Ce dernier voulait sacrifier le modèle social allemand sur l’autel de la compétitivité et de la flexibilité du travail. Après seulement onze mois à son poste, Olaf Scholz est remercié et sera affublé du surnom Mr Agenda 2010 (du nom du plan de réforme de Schröder).
Son passage au ministère du Travail aurait dû être une promenade de santé. En 2007, le chômage allemand était au plus bas et les perspectives économiques étaient au beau fixe. C'était sans compter la crise financière qui, un an plus tard, fragilise le poste d’Olaf Scholz au sein du gouvernement.
Cette fois, Olaf Scholz a peut-être tiré le gros lot. Son parachutage au ministère des Finances arrive au meilleur moment. La ligne rigoriste défendue par Wolfgang Schäuble était de plus en plus critiquée, alors que la zone euro retrouve le chemin d’une croissance qui rend l’austérité budgétaire moins étouffante. En tant que nouveau grand argentier allemand de centre-gauche, Olaf Scholz a donc une carte politique à jouer pour s’imposer comme l’homme de la rupture. Sauf si l’histoire bégaye et que la secousse boursière du 5 février se transforme en nouvelle crise financière.