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Présidentielle américaine : le ministre de la Justice entendu dans l'enquête sur l'ingérence russe

Le ministre de la Justice américain Jeff Sessions a été entendu la semaine dernière par l'équipe du procureur spécial Robert Mueller dans le cadre de l'enquête sur une possible ingérence russe dans l'élection présidentielle de 2016 aux États-Unis.

Le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, a été interrogé par l'équipe du procureur spécial Robert Mueller qui enquête sur une ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016, a confirmé, mardi 23 janvier, un porte-parole.

Donald Trump s'est dit "pas du tout inquiet" de ce qu'aurait pu dire Jeff Sessions aux enquêteurs alors que selon le Washington Post, Robert Mueller souhaite désormais interroger le président lui-même dans les prochaines semaines.

Le porte-parole a refusé de préciser la teneur des échanges la semaine dernière entre l'équipe de Robert Mueller et Jeff Sessions, qui a fait l'objet de suspicions pour avoir rencontré à plusieurs reprises l'ambassadeur de Russie aux États-Unis, Sergueï Kisliak, avant d'être nommé "attorney general".

C'est la première fois qu'on apprend qu'un membre du gouvernement de Donald Trump est questionné dans le cadre de ces investigations ultra-sensibles sur une possible collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie.

Lors d'une audition publique au Sénat en juin 2017, Jeff Sessions avait dénoncé comme un "mensonge détestable" l'idée qu'il aurait pu être de connivence avec le gouvernement russe. Mais il avait également suscité la frustration des sénateurs de la commission du Renseignement, en se réfugiant souvent derrière la prérogative lui permettant de conserver la confidentialité de ses discussions avec le président.

Problèmes de mémoire pour Jeff Sessions

Proche fidèle de Donald Trump, Jeff Sessions s'est récusé dans l'enquête sur la Russie qui empoisonne la présidence. Certains le soupçonnent d'avoir continué en coulisse à tirer des ficelles, notamment en recommandant le renvoi par Donald Trump du chef du FBI, James Comey, en mai 2017.

Jeff Sessions avait dans un premier temps caché ses rencontres avec Sergueï Kisliak, avant d'en admettre deux et sans écarter la possibilité d'une troisième dont il affirme ne pas se souvenir.

Le président américain, qui ne cesse de dénoncer l'enquête russe comme une chasse aux sorcières et accuse le FBI de partialité, pourrait lui aussi prochainement répondre aux questions du procureur spécial, notamment sur ses décisions de limoger James Comey et son ancien conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn. Celui-ci a plaidé coupable d'avoir menti sur des conversations avec l'ambassadeur Kisliak.

L'ingérence de Moscou dans les élections – notamment sous forme de piratages informatiques ou de diffusion de fausses informations – ne fait aucun doute aux yeux des services de renseignement et de la majorité de la classe politique américaine. Mais aucune des enquêtes en cours – que ce soit celle menée par Robert Mueller ou celles du Congrès – ne semble avoir pour l'heure permis de prouver une coopération délibérée entre l'équipe du candidat Trump et Moscou.

La crédibilité du FBI plombée par une liaison amoureuse

L'équipe du procureur Mueller doit aussi faire face à des accusations de partialité après que le ministère de la Justice a admis la perte par le FBI de SMS échangés pendant cinq mois par deux enquêteurs qui entretenaient une liaison amoureuse et qui avaient pris position pour la candidate démocrate à la présidentielle, Hillary Clinton.

Peter Strzok et Lisa Page avaient auparavant participé à l'enquête sur l'affaire, finalement classée sans suite, des courriels de l’ancienne candidate démocrate, qui a secoué la campagne électorale en 2016. L'agent a ensuite travaillé deux mois avec le procureur Mueller, avant d'être écarté quand l'existence des premiers messages a été révélée.

Les parlementaires républicains ont obtenu la divulgation de 384 pages de messages échangés par les deux amants, soit environ 50 000. Mais le ministère de la Justice a admis lundi que les SMS envoyés entre le 14 décembre 2016 et le 17 mai 2017 avaient été effacés en raison de problèmes techniques.

"Dans l'une des plus grosses histoires depuis longtemps, le FBI dit maintenant que cinq mois d'échanges entre les amants Strzok-Page, peut-être 50 000 messages, ont disparu, et tout ça à une heure de grande écoute. Wow !", a réagi Donald Trump mardi sur Twitter.

Avec AFP