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La Commission européenne a jugé, vendredi, que des "progrès suffisants" pouvaient permettre l'ouverture de la deuxième phase des négociations sur le Brexit. La facture pour Londres est estimée entre 40 et 45 milliards d’euros.

Le Royaume-Uni et l'Union européenne (UE) ont effectué des "progrès suffisants" dans les négociations sur les termes de leur séparation pour passer à la seconde phase des discussions sur leurs futures relations commerciales, a annoncé au matin du vendredi 8 décembre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors d'une conférence de presse commune avec Theresa May, à Bruxelles.

Theresa May a souligné que la facture du Brexit, estimée entre 40 et 45 milliards d'euros par Downing Street, serait "équitable" pour les contribuables britanniques. Plus tôt, des sources européennes situaient la somme entre 45 et 55 milliards d'euros mais selon Michel Barnier, le négociateur en chef de l'UE, les deux camps se sont accordés sur une "méthodologie" de calcul, pas sur un chiffre final. Il n'est donc "pas possible calculer la facture du Brexit maintenant" ; avancer une somme serait "facteur de controverse".

Brexit : un premier compromis trouvé entre l'Union européenne et le Royaume-Uni

Il revient désormais au Conseil européen, instance qui regroupe les dirigeants des États membres, de valider , lors d'un sommet le 14 et 15 décembre à Bruxelles, le constat de la Commission.

Le texte du compromis, publié avec l'accord du Conseil et du Parlement européen, "pourrait être la base de l'accord de retrait [final en prévision du départ britannique fin mars 2019]", a expliqué Michel Barnier.

"Si les 27 États membres acceptent notre évaluation, nous, la Commission européenne et notre négociateur en chef Michel Barnier, sommes prêts à entamer immédiatement les travaux de la deuxième phase des négociations", a indiqué Jean-Claude Juncker.

"Le défi le plus difficile" à venir

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a d'ores et déjà envoyé aux dirigeants des Vingt-Sept son projet de texte pour établir les grandes lignes directrices des discussions à venir. "Le défi le plus difficile est devant nous", a-t-il cependant averti. Donald Tusk propose de commencer le plus vite possible les négociations sur une période de transition après la date effective du Brexit, prévu le 29 mars 2019. Un calendrier dont s'est fait écho Michel Barnier. Il a précisé que la discussion commencerait "en début d'année sur une éventuelle période de transition [et] un peu plus tard sur la future relation".

Selon Donald Tusk, les Européens disposent "naturellement" des conditions pour une période de transition durant laquelle le Royaume-Uni resterait membre du marché unique et de l'Union douanière. Réclamée par Theresa May elle-même, cette période pourrait durer deux ans. Les Britanniques seraient alors soumis à la législation de l'UE, y compris les nouvelles lois votées, mais sans participer au processus de décision.

Le président du Conseil européen propose également d'ouvrir dès maintenant des "discussions exploratoires" sur la nature de la future relation, dans le domaine commerciale, mais aussi de la lutte contre le crime et le terrorisme, la sécurité, la défense et les affaires étrangères. Des lignes directrices officielles sur cette partie de la négociation devront être adoptées "l'an prochain".

.@MichelBarnier "Notre évaluation se fonde sur les progrès réels qui ont été accomplis dans les 3 domaines prioritaires. C'est en nous mettant d'accord sur ces questions que nous pourrons examiner nos relations futures dans la confiance" https://t.co/GYdxYLaUcZ #Brexit pic.twitter.com/0hYaovjNAs

  CommissionEuropéenne (@UEfrance) 8 décembre 2017

Un futur accord commercial, est-il rappelé dans le document envoyé par le président du Conseil, que l'AFP a pu consulter, ne pourra être "finalisé et conclu qu'une fois le Royaume-Uni devenu un pays tiers". Mais le résultat des discussions préliminaires serait regroupé dans une "déclaration politique" accompagnant l'accord final de retrait.

Michel Barnier a de son côté estimé qu'au vu des "exigences" déjà émises par les Britanniques, un accord de libre-échange "sur le modèle (de celui établi avec) le Canada" sera l'hypothèse de travail privilégiée par les Européens.

"Des engagements importants" sur le cas irlandais

Les avancées exigées par l'UE ont été réalisées dans les trois dossiers jugés prioritaires : la gestion de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, le règlement financier de la séparation et les droits des citoyens expatriés.

"Les citoyens de l'Union vivant au Royaume-Uni et les citoyens britanniques installés dans l'UE à 27 conserveront les mêmes droits une fois que le Royaume-Uni aura quitté l'UE", assure la Commission.

Londres a aussi "pris des engagements importants pour éviter la mise en place d'une frontière physique [entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord]". "En Irlande du Nord, nous garantirons qu'il n'y aura pas de frontière dure", a assuré Mme May. L'UE comme le Royaume-Uni veulent ainsi protéger l'accord du Vendredi saint, conclu en avril 1998, qui avait mis fin à trente ans d'affrontements sanglants entre nationalistes et unionistes nord-irlandais.

Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a salué un "jour très important" dans les négociations du Brexit, ajoutant que l'accord annoncé constituait "la fin du début des négociations".

We have achieved all we set out to achieve in Phase 1. This is not the end but it is the end of the beginning. The Good Friday Agreement is fully protected & the Common Travel Area will continue. The UK is committed to avoiding a hard border. #Brexit pic.twitter.com/kMxIMgBuAn

  Leo Varadkar (@campaignforleo) 8 décembre 2017

Avec AFP