
Un mois après l'annonce choc de sa démission depuis l'Arabie saoudite, le Premier ministre libanais Saad Hariri a décidé de reprendre son poste. De Riyad à Beyrouth, en passant par Paris, retour sur cette crise politique au pays du Cèdre.
Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a officiellement retiré sa démission, mardi 5 décembre, après que tous les membres de son gouvernement ont accepté de se dissocier de tous les conflits en cours dans les pays arabes.
Sa démission, annoncée le 4 novembre depuis Riyad, avait provoqué une crise politique majeure au Liban, sur fond de lutte d'influence régionale entre l'Arabie saoudite sunnite et l'Iran chiite. Il avait accusé le Hezbollah, qui fait partie de son gouvernement, et son allié iranien de "mainmise" sur le Liban, estimant également craindre pour sa vie.
Hariri "détenu", selon le Hezbollah
Le 10 novembre, le président libanais Michel Aoun, allié du Hezbollah, avait exprimé son "inquiétude" quant au sort de Saad Hariri, et le chef du Hezbollah avait accusé l'Arabie saoudite de le "détenir".
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait déclaré qu'à sa "connaissance", Saad Hariri était libre de ses mouvements. Deux jours plus tard, ce dernier avait annoncé qu’il allait très bientôt rentrer dans son pays. "Je suis libre ici, si je veux voyager demain, je voyage". "J'ai écrit ma démission de ma main, et j'ai voulu provoquer un choc positif", a-t-il confié, lors d'un entretien avec la chaîne de télévision libanaise, Future TV.
Le président français Emmanuel Macron, qui avait effectué une visite éclair le 9 novembre à Riyad pour rencontrer le prince héritier, avait réitéré le 14 novembre "son souhait que Saad Hariri puisse se rendre au Liban comme il l'a annoncé".
Le lendemain, Michel Aoun avait haussé le ton et accusé le royaume wahhabite de détenir Saad Hariri. "Nous le considérons donc comme en captivité et détenu."
Le tournant de Paris
Invité par la France, Saad Hariri est arrivé le 18 novembre par avion privé à Paris, où il s’est entretenu avec Emmanuel Macron. Trois jours plus tard, il a quitté Paris pour Le Caire, où il a rencontré le président Abdel Fattah al-Sissi, avant d'arriver en fin de soirée à Beyrouth via Chypre.
Le 22 novembre, Saad Hariri a annoncé qu'il suspendait sa démission, en attendant des consultations sur des dossiers épineux, dont l'implication dans des conflits régionaux du Hezbollah. Il a appelé à éloigner le Liban des conflits au Moyen-Orient et à adopter une "politique de distanciation", alors que le Hezbollah est notamment engagé dans la guerre en Syrie voisine au côté du régime.
Le 27 novembre, Saad Hariri a déclaré qu'il souhaitait rester Premier ministre, mais que sa décision dépendrait des discussions en cours. Trois jours plus tard, il a dit de nouveau craindre pour sa vie, en affirmant que le régime syrien avait "prononcé une peine de mort" contre lui.
Le 5 décembre, Saad Hariri est finalement revenu sur sa démission, lors du premier conseil des ministres depuis un mois.
Avec AFP et Reuters