La gestion de la bande de Gaza devrait revenir à l’Autorité palestinienne dix jours plus tard que prévu. Les équipes de France 24 sur place ont pu mesurer l'inquiétude des habitants de cette enclave maintenue sous pression.
Dix jours de plus à attendre. Les habitants de la bande de Gaza n’ont pas apprécié que les deux partis rivaux palestiniens, le Fatah et le Hamas, reportent de dix jours le transfert des pouvoirs à Gaza. Vendredi 1er décembre, le Hamas était en effet censé remettre les clefs de la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne, qui administre déjà Jérusalem-est et la Cisjordanie. La passation doit finalement avoir lieu le 10 décembre.
Cette décision intervient après que les deux frères ennemis se sont mutuellement accusés de manquer à leurs engagements, même si l’objectif de ce report est officiellement de "finaliser certaines dispositions", selon un communiqué du Hamas.
Ce flottement fait en tout cas craindre un échec du processus, qui devait pourtant mettre en fin aux sanctions imposées par l’Autorité palestinienne sur les salaires et l’électricité. Les Gazaouis n’ont pas caché leur déception aux envoyés spéciaux de France 24 sur place, Marine Vlahovic, Sharif Abdel Kouddous et Jimmy Hutcheon.
"Inhabitable" en 2020
Selon le rapport de l’ONU "Gaza – 10 ans après", ce petit territoire enclavé pourrait devenir "inhabitable" d’ici à 2020.
Les deux millions d’habitants de l’enclave palestinienne traversent une crise humanitaire et énergétique sans précédent. Pour faire tourner son commerce, Fathi Basel n’a pas d’autre choix que de dépenser l’équivalent d’un salaire moyen mensuel, soit 1 200 shekels (près de 300 euros) selon lui. "Je paie la compagnie d’électricité, le générateur du voisin et notre générateur, explique-t-il. Ça me rend fou, parce que je suis là depuis 7 h ce matin et je n’ai pas même pas encore gagné de quoi manger, je n’ai même pas de quoi m’acheter une cigarette."
Même parmi les soutiens des deux factions, la décision du report a étonné : "Nous avons été surpris par ce manque de courage des dirigeants. La dépression s’est installée et c’est comme si notre optimisme s’était évanoui", raconte Mohamed Abu Atayeh, membre du Hamas.
Considéré comme terroriste par son ennemi israélien, les États-Unis ou encore l'Union européenne, le Hamas a évincé l'Autorité palestinienne de la bande de Gaza en 2007 et y gouverne depuis. L'accord est supposé mettre fin à une décennie de dissensions humainement désastreuses pour les Gazaouis.
Avec AFP