Dans une circulaire dévoilée mardi, le Premier ministre, Édouard Philippe, demande à ses ministres de bannir l'écriture inclusive des textes officiels. Cette règle controversée remet en cause la règle d'accord de la langue française, jugée sexiste.
"Je vous invite, en particulier pour les textes destinés à être publiés au Journal officiel de la République française, à ne pas faire usage de l'écriture dite inclusive". Le chef du gouvernement É douard Philippe donne consigne à ses ministres, dans une circulaire dont l'AFP a eu copie mardi 21 novembre, de bannir des textes officiels l'écriture dite inclusive. Cette règle controversée qui vise l'élargissement du féminin dans la langue française suscite un vif débat ces derniers mois.
La circulaire en question doit paraître mercredi au Journal officiel (JO). "Outre le respect du formalisme propre aux actes de nature juridique, les administrations relevant de l' É tat doivent se conformer aux règles grammaticales et syntaxiques, notamment pour des raisons d'intelligibilité et de clarté de la norme", justifie le Premier ministre. L'ancien maire du Havre y demande à ses ministres de veiller à "la bonne application de ces principes" par "l'ensemble des services placés sous (leur) autorité".
Portée par des cercles féministes mais rejetée par l'Académie française notamment, l'écriture inclusive remet en cause la règle d'accord de la langue française, jugée sexiste, selon laquelle, au pluriel, "le masculin l'emporte sur le féminin". Elle se traduit par des graphies comme "les député.e.s" ou "les électeur.rice.s" ou par une règle d'accord avec le sujet le plus proche, par exemple "Louis et Louise sont belles".
"Le masculin est une forme neutre"
Alors que le débat fait rage en France, notamment avec l'édition d'un manuel scolaire en écriture inclusive, la circulaire vise à apporter une "clarification après des initiatives dans certaines administrations" et à "clore la polémique", a expliqué Matignon à l'AFP.
Ce qui n'empêche pas le gouvernement d'être par ailleurs "résolument engagé dans le renforcement de l'égalité entre les femmes et les hommes", selon le texte de la circulaire.
Dans sa note, É douard Philippe précise par ailleurs les règles d'accord qui doivent s'appliquer dans les actes administratifs. Dans les textes réglementaires, "le masculin est une forme neutre qu'il convient d'utiliser pour les termes susceptibles de s'appliquer aux femmes", indique-t-il.
En revanche, quand l'auteur d'un texte officiel ou la personne nommée est une femme, il convient bien d'écrire "la ministre", "la secrétaire générale" et de féminiser la fonction en se référant à un guide ("Femme, j'écris ton nom...") élaboré par le CNRS et l'Institut nationale de la langue française.
Petite exception : dans les actes de recrutement et avis de vacances publiés au JO, le Premier ministre demande d'utiliser des formules comme "le candidat ou la candidate" afin cette fois "de ne pas marquer de préférence de genre".
Avec AFP