
Depuis l'affaire Harvey Weinstein, les témoignages abondent dans le monde entier, prouvant à quel point la parole des victimes de harcèlement et d’agressions sexuelles mérite d'être libérée. Et combien ces violences sont banalisées.
L’affaire Weinstein en aura fait jaillir, des mots. À leur lecture, on a écarquillé les yeux et on a fini, un peu hébété, par se dire que "même si l’on savait", on n’imaginait pas qu’autant de femmes auraient à les prononcer.
Depuis près d’une semaine, sur Twitter, elles sont des centaines de milliers à avoir choisi d’évoquer cette (et parfois ces) fois où elles furent victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle. Parfois, leur expérience, bien que douloureuse, ne peut être qualifiée de ni l’un ni l’autre. Mais sous les hashtags #MeToo, #Balancetonporc, #YoTambien, #QuellaVoltaChe, #גםאנחנו ou encore نا_كمان#, la case juridique dans laquelle rentreraient ces actes, ces gestes ou ces paroles humiliantes importe peu. Témoigner pour prendre conscience de l’ampleur d’un problème que l’on ne peut plus taire, voilà surtout de quoi il s'agit.
En France, #Balancetonporc aura également rassemblé en cinq jours près de 350 000 messages
Aujourd’hui, plus d’1,2 million de tweets ont été postés sous le hashtag #MeToo lancé par l’actrice Alyssa Milano, dimanche 15 octobre. On a depuis appris que ce mouvement existait en réalité depuis plus d’une décennie, après avoir été créé par l’activiste afroféministe Tarana Burke pour dénoncer les violences sexuelles faites aux femmes de couleur.
Précédé d’un dièse, #MeToo aura été tout particulièrement utilisé en Suède, au Canada, en Norvège, au Danemark et bien sûr, aux États-Unis. On l'aura aussi aperçu à maintes reprises sur le Web britannique, australien, indien ou encore japonais. En France, #Balancetonporc aura, lui, rassemblé près de 350 000 messages en cinq jours, dont plus de 17 000 témoignages recensés, selon une étude Odoxa-Dentsu Consulting.
La déclinaison espagnole du mouvement, #YoTambien, s’est, elle, propagée sur les réseaux sociaux au Mexique, en Espagne et partout en Amérique du Sud.
#YoTambién #MeToo https://t.co/8UtBjDc979 pic.twitter.com/at85Wv6Yfc
— Eva Conde-Corbal (@EvaCondeCorbal) 19 octobre 2017
En Italie, "Que Volta Che", qui signifie "Cette fois-là", a également encouragé les internautes à confier leurs pénibles expériences. On attribue d'ailleurs la première utilisation de ce hashtag italien à l’auteure Giula Blasi, avant même le lancement de MeToo.
— Giulia Blasi (@Giulia_B) 13 octobre 2017
En hébreu, גםאנחנו se traduit cette fois pas "Nous aussi". Mercredi, un quoditien israëlien a choisi de le faire apparaître en gros caractères sur sa une, illustrant les témoignages de six Israéliennes. En arabe, "Ana kaman" prend également le sens de "Moi aussi". On l’a vu notamment utilisé en Égypte, dont la capitale, Le Caire, a été déclarée comme la ville la plus dangereuse au monde pour les femmes.
Enfin, en Chine, un éditorial du China Daily affirmant qu’un mouvement #MeToo ne pourra jamais éclater dans le pays compte tenu de ses "traditions" et de l’instinct "protecteur de ses hommes envers les femmes" a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux nationaux. L’article a depuis été retiré. Une preuve de plus que le harcèlement est malheureusement universel.
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