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L'armée turque mène depuis dimanche une opération de reconnaissance dans la province syrienne d'Idleb, en vue d'y établir une zone de désescalade et de mettre un terme au conflit, qui a fait plus de 330 000 morts depuis mars 2011.

Ankara a lancé, dimanche 8 octobre, une opération dans la province d’Idleb, dans l’ouest de la Syrie, "en vue d'établir des postes d'observation", a déclaré l'armée turque dans un communiqué.

Cette déclaration survient alors qu'Ankara concentre depuis plusieurs jours ses troupes à la frontière avec la Syrie dans l'attente d'une opération, visant à déloger de la province d'Idleb les jihadistes de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie.

Idleb, seule province dans le Nord-Ouest syrien à échapper au régime de Bachar al-Assad, figure parmi les quatre "zones de désescalade" annoncées en mai par les alliés internationaux de Damas et des rebelles, afin d'instaurer des trêves dans diverses régions de Syrie.

En coordination avec la Russie

Ces cessez-le-feu, négociés à Astana par la Russie et l'Iran, alliés du régime, et la Turquie, soutien des rebelles, excluent les groupes jihadistes, notamment Tahrir al-Cham, une coalition jihadiste composée essentiellement de l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, qui contrôle une grande partie de la province d'Idleb.

"Les membres des forces armées turques poursuivent leur mission dans la zone [d'Idleb] dans le cadre des règles d'engagement adoptées [...] lors du processus d'Astana", a indiqué l'état-major turc dans son communiqué lundi.

"Une entrée en bonne entente avec les jihadistes"

Selon des informations de Wassim Nasr, spécialiste des réseaux jihadistes pour France 24, des convois d’observateurs turcs ont "été escortés par des pickups de jihadistes". "Cette entrée à Idleb s’est faite en bonne entente avec les jihadistes", estime notre journaliste. "La Turquie n’a pas les moyens de rentrer en confrontation totale avec les jihadistes de Tahrir al-Cham. Idleb regroupe aujourd’hui un grand nombre de réfugiés syriens. Si la guerre éclate entre la Turquie et les jihadistes, ce sera un bain de sang", précise-t-il.

"Tout cela reste de l’ordre du ponctuel et du provisoire. Ni les jihadistes ni la Turquie ne qualifient cet accord de politique. C’est un accord ponctuel, comme cela les deux ne perdent pas la face", note cependant Wassim Nasr.

La Turquie agit en coordination avec la Russie. Les deux pays, qui soutiennent des camps opposés en Syrie, ont mis leurs divergences de côté ces derniers mois pour tenter de parvenir à un règlement du conflit qui a fait plus de 330 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011.

Avec AFP