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Un groupe de kamikazes a attaqué des bâtiments gouvernementaux et une banque, à Khost, dans le sud-est de l'Afghanistan. Il s'agit de la troisième offensive en cinq jours, menée par les Taliban dans cette zone frontalière avec le Pakistan.
AFP - A un mois de l'élection présidentielle, les talibans ont de nouveau lancé une équipe de kamikazes à l'assaut d'une ville afghane samedi à Khost (sud-est), faisant un mort, un civil, et 17 blessés, la troisième attaque de ce type en cinq jours.
Cette flambée des violences ravive les inquiétudes quant la sécurité des scrutins présidentiel et provinciaux, qui seront "extraordinairement difficiles" à organiser, a admis à Kaboul l'émissaire américain Richard Holbrooke.
A Khost, en début d'après-midi, "sept kamikazes se sont fait exploser" ou ont été abattus à différents endroits de la ville "avant qu'ils n'atteignent leurs cibles", a annoncé le ministère de l'Intérieur.
Trois kamikazes ont déclenché leurs bombes devant le quartier général de la police, un autre visant l'arrière du bâtiment. Un cinquième attaquant a tenté de pénétrer dans un poste de police, un sixième a explosé près d'une unité d'intervention rapide de la police et le dernier a visé une banque.
Selon le gouverneur de la province de Khost, Hamidullah Qalandarzai, les assaillants avaient revêtu l'uniforme d'une milice afghane travaillant pour les forces internationales.
"Il pourrait y avoir davantage de kamikazes, mais pour l'instant c'est fini. Un civil a été tué", a-t-il dit à l'AFP.
Certains kamikazes, équipés de mitrailleuses et de lance-roquettes, ont échangé des coups de feu avec les forces de sécurité avant de se faire exploser, a indiqué le porte-parole du ministère de la Défense, le général Mohammad Zahir Azimi.
"Nous avons trois soldats et 14 civils blessés", a-t-il dit, ajoutant qu'un kamikaze au moins avait réussi à s'échapper et était activement recherché.
Un porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahed, a revendiqué l'attaque par téléphone auprès de l'AFP, affirmant qu'il y avait "treize kamikazes".
Les violences se sont multipliées ces derniers mois à Khost, où la rébellion des talibans est très influente. Cette ville est située à la frontière des zones tribales pakistanaises considérées comme une base arrière des rebelles afghans.
Ces attaques interviennent cinq jours après celles, très similaires, menées par deux groupes de talibans contre des bâtiments officiels et une base militaire à Gardez (sud-est), proche de Khost, et Jalalabad (est).
Cinq policiers avaient péri, et les huit assaillants avaient été soit abattus par les forces de sécurité soit étaient morts en se faisant exploser.
A moins d'un mois des élections du 20 août, les violences en Afghanistan atteignent des niveaux inégalés depuis le début de l'intervention internationale qui a chassé les talibans du pouvoir en novembre 2001.
Elles sont nourries par d'innombrables attaques rebelles et par les multiples offensives lancées contre elles par les forces étrangères, alliées du gouvernement de Kaboul, pour sécuriser les provinces instables à l'approche des élections, en particulier dans le sud.
La force de l'Otan a annoncé samedi la mort de deux autres de ses soldats. Soixante-sept soldats étrangers ont été tués en juillet, un mois déjà record.
"Les violences étaient prévisibles et vont redolubler d'ici à la fin août. Les talibans veulent créer plus d'insécurité afin de dissuader les gens d'aller voter", juge Mariam Abou Zahab, chercheuse au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) français.
Tout en admettant les difficultés à organiser les élections dans un pays en guerre, l'envoyé spécial des Etats-Unis pour le Pakistan et l'Afghanistan, Richard Holbrooke, a estimé qu'elles seraient in fine un succès.
L'experte française assure au contraire qu'"il sera difficile d'organiser des élections crédibles", à cause des violences, de la désillusion de la population et des fraudes massives au moment de l'inscription sur les listes électorales.