
Récemment sanctionné par la présidente du FN, Florian Philippot, qui avait, mi-mai, lancé son propre mouvement politique, a déclaré jeudi quitter le parti. En réaction, Marine Le Pen a dénoncé un "positionnement de victimisation".
Coup de tonnerre au Front National (FN) ! Le vice-président du parti Florian Philippot, en crise ouverte avec plusieurs dirigeants frontistes et en désaccord avec sa présidente Marine Le Pen a annoncé, ce jeudi, son départ.
"On m'a dit que j'étais vice-président à "rien"… Écoutez, je n'ai pas le goût du ridicule, je n'ai jamais eu le goût de rien faire, donc bien sûr, je quitte le Front national", a déclaré Florian Philippot à la chaîne de télévision France 2. Il a dit contester la réorganisation du parti d'extrême droite. "J'ai vu semaine après semaine que cette refondation se passait mal", a ajouté le député européen, chantre de la "dédiabolisation" de son parti.
"Je respecte sa décision mais je conteste formellement l'habillage qu'il effectue et les accusations qu'il porte", a réagi Marine Le Pen lors de l'émission "Questions d'info LCP-AFP-Le Monde-Franceinfo", en dénonçant un "positionnement de victimisation" et "une critique outrancière" et "en partie diffamatoire" du FN de la part de son ex-vice président. Le parti "se remettra sans difficulté [de ce départ]", a-t-elle ajouté.
La veille, elle avait sanctionné Florian Philippot pour avoir refusé de quitter la tête de son association "Les Patriotes". La décision était tombée en soirée, via un communiqué : la présidente du parti a "décidé" ne lui laisser qu'une vice-présidence "sans délégation", après son refus de "mettre un terme au conflit d'intérêts résultant de sa double responsabilité de vice-président du FN, chargé de la stratégie et de la communication et de président de l'association politique "les Patriotes" lancée mi-mai dans la foulée de la présidentielle.
"Un retour en arrière absolument terrifiant"
Quelques minutes plus tôt, l’énarque qui avait été propulsé directeur stratégique de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2011, et était depuis la principale figure du FN à intervenir au quotidien dans les médias, avait campé sur sa position sur CNews. Et ce, malgré une dernière mise en garde de sa présidente mercredi matin. "Et si on veut me démettre et m'empêcher de travailler à la refondation du FN, il faudra le faire. Je le regretterai amèrement", avait-il lancé.
Départ de @f_philippot : "Je prends acte de sa décision, je la respecte mais réfute ses accusations", dit @MLP_officiel #QDI pic.twitter.com/GbG8N8yFOr
LCP (@LCP) 21 septembre 2017L'eurodéputé a dénoncé à la télévision un "prétexte" au moment où, engagé dans un débat de "refondation" depuis la présidentielle, "le FN est en train de changer complètement de ligne, de faire un retour en arrière absolument terrifiant, qui affole des milliers de personnes".
Son "engagement politique reste intact, j'ai mes mandats, je continuerai à me battre", a-t-il par ailleurs annoncé ce jeudi. "Je suis gaulliste, je n'ai jamais renoncé à mes convictions, y compris en arrivant au FN, je me battrai donc. Sous quelle forme, on verra bien, ce n'est pas le moment d'en parler", a-t-il insisté.
#Philippot mort politiquement ? "Je le crains pour lui… Tous ceux qui ont quitté le FN ont disparu", répond @MLP_officiel #QDI pic.twitter.com/BuR7GEVO3w
LCP (@LCP) 21 septembre 2017Au-delà du réel conflit de personnes, certains frontistes espèrent affaiblir les options idéologiques défendues par Florian Philippot. L'élu de la région Grand Est est farouchement anti-euro et veut un discours portant aussi bien sur les questions sociales, sociétales que sécuritaires, quand d'autres sont plus libéraux économiquement et plaident pour un parti focalisé sur la lutte contre l'immigration et "l'islamisme".
Le @FN va enfin connaître l'apaisement face à un extrémiste sectaire, arrogant et vaniteux qui tentait de museler notre liberté de débattre.
Louis Aliot (@louis_aliot) 21 septembre 2017Mais la sanction est aussi et surtout la suite logique de plusieurs mois de conflit croissant entre la présidente du FN et celui qui était jusque-là considéré comme son bras droit, son éminence grise et son alter ego idéologique.
Avec AFP