
Deux agents de la Commission électorale indépendante (CEI) comptent les bulletins de vote pour les élections municipales et régionales dans la commune du quartier d'affaires des Plateaux à Abidjan, le 2 septembre 2023. © Sia Kambou, AFP
Le 25 octobre 2025, les électeurs ivoiriens seront appelés aux urnes pour élire leur président de la République. Les quelque 8,7 millions de citoyens inscrits sur les listes électorales - sur les 32 millions d'habitants que compte le pays – choisiront celui qui dirigera pendant cinq ans cet État d’Afrique de l’Ouest, considéré comme le moteur économique de la région.
Un scrutin à deux tours à majorité absolue
En Côte d’Ivoire, le président est élu au scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Chaque électeur vote pour un seul candidat. Pour gagner dès le premier tour, ce dernier doit remporter la majorité absolue des suffrages exprimés, soit au minimum 50 % des votes plus une voix.
Si ce n’est pas le cas, un second tour devrait être organisé un mois plus tard, le dernier samedi du mois de novembre.
Limitation à deux mandats ?
En théorie, le président est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois, comme spécifié dans l’article 55 de la Constitution de 2016.
Après deux mandats, Alassane Ouattara avait initialement annoncé qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle de 2020 et avait désigné comme dauphin son Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Il avait changé d’avis après la mort de ce dernier, des suites d’un malaise cardiaque quelques mois avant le scrutin présidentiel, arguant que la révision constitutionnelle de 2016 avait remis les compteurs de mandats présidentiels à zéro, une position alors soutenue par le Conseil constitutionnel.
Malgré les critiques et tentatives de recours de l’opposition, le président était parvenu à se faire réélire. Au pouvoir depuis 2010, Alassane Ouattara, 83 ans, a annoncé mardi 29 juillet être à nouveau candidat en 2025. Début juin, il avait été à nouveau désigné candidat du parti au pouvoir, le RHDP.
Qui peut se présenter ?
Longtemps, la Côte d’Ivoire a imposé des conditions très restrictives pour l’éligibilité à la présidence, notamment sur la question de la nationalité. La Constitution de 2000 stipulait que les candidats devaient être non seulement ivoiriens d’origine mais également nés de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d’origine. Cette règle, liée au concept d’"ivoirité", a été assouplie lors de la révision constitutionnelle de 2016, initiée par l’actuel président.
Depuis, le candidat n’est plus tenu d'avoir qu'un parent ivoirien d’origine. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne au moment du dépôt de sa candidature, avoir au moins 35 ans, être inscrit sur la liste électorale et présenter un casier judiciaire vierge.
Chaque candidat doit également verser une onéreuse caution de 50 millions de francs CFA (environ 76 000 euros), récupérable à condition d'avoir remporté au moins 5 % des suffrages. Une mesure censée garantir le sérieux des candidatures.
Parrainages et soutiens requis
Outre ces critères, le candidat doit être en mesure de recueillir un certain nombre de parrainages au sein de la société ivoirienne. Il doit obtenir le soutien d’au moins 1 % de l’électorat local dans au moins 17 des 33 régions et districts autonomes du pays (Abidjan et Yamoussoukro). Cette condition mise en place en 2020 vise à s’assurer que les candidats à la présidentielle ont un minimum d’assise nationale et à limiter les candidatures fantaisistes.
Les électeurs ne peuvent parrainer qu’un seul candidat et uniquement dans la région dans laquelle ils sont inscrits. Pour la présidentielle de 2025, la collecte des parrainages, sous forme de signatures, s’effectue du 1er juillet au 26 août, date limite de dépôt des candidatures pour la présidentielle. Ce processus est encadré par la Commission électorale indépendante (CEI). Il revient ensuite au Conseil constitutionnel de contrôler et valider les parrainages.
Financements encadrés
Pour ce qui est des campagnes, les financements privés sont autorisés mais encadrés par un certain nombre de règles. Ceux-ci doivent provenir exclusivement de personnes physiques ou de partis politiques.
Les dons d’entreprises, d’associations ou de collectivités sont interdits, tout comme les financements étrangers, à l’exception de ceux issus de la diaspora. Chaque candidat doit désigner un mandataire financier et doit pouvoir rendre compte de l’origine et de la gestion des fonds dédiés à leur campagne.

Organisation 100 % ivoirienne ?
Pour la présidentielle de 2025, l’État ivoirien a décidé de financer seul l’ensemble du processus électoral. Un budget de 55 milliards de FCFA (environ 85 millions d’euros) a ainsi été alloué à la Commission électorale indépendante afin de couvrir la révision du fichier électoral, l’achat du matériel de vote, la formation des agents, l’impression des bulletins et les campagnes de sensibilisation.
Cette décision marque un important changement par rapport aux précédents scrutins, organisés avec l’appui de bailleurs internationaux dont l’Union européenne, les Nations unies ou la France. Si certains y voient une marque de progrès et de l’affirmation de la souveraineté ivoirienne, d’autres craignent que ce contrôle accru par le pouvoir en place nuise à la transparence du scrutin, dans un contexte électoral déjà tendu, marqué par l’exclusion définitive de quatre des principaux candidats : Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, Charles Blé Goudé et Guillaume Soro.
Les partenaires internationaux de la Côte d’Ivoire devraient néanmoins conserver un rôle d’accompagnement dans la supervision du processus électoral. L’Union européenne a prévu d’envoyer 700 observateurs dans le cadre de son programme de soutien aux élections et à la transparence du scrutin.