Le robot YuMi a dirigé l'orchestre philharmonique de Lucca à la place du chef pour la clôture du Festival international de la robotique à Pise. Un défi exigeant mais réussi pour YuMi qui guidait, entre autres, le ténor Andrea Bocelli.
Les robots vont-ils bientôt voler aussi le travail des chefs d'orchestre ? On en est loin, mais un robot a prouvé qu'avec un bon entraînement, il pouvait faire aussi bien qu'un maestro expérimenté.
Pour célébrer dignement la fin du Festival international de la robotique, qui se tenait du 7 au 13 septembre à Pise, un robot humanoïde a dirigé tout seul l'orchestre philarmonique de Lucca devant une assemblée de 800 personnes.
Yesterday, @ABB_CEO and over 800 guests enjoyed #YuMirobot conducting @AndreaBocelli in Pisa, Italy. Read more: https://t.co/wtBEg5pXMX pic.twitter.com/25kVvlLED8
— ABB Global (@ABBgroupnews) 13 septembre 2017
Il a notamment guidé le ténor mondialement connu Andrea Bocelli dans une interprétation de "La Donna è Mobile" de Verdi, ainsi que la soliste italienne Maria Luigia Borsi.
Un robot industriel au service de la musique classique
Présenté pour la première fois à la foire de Hanovre en 2015, YuMi est développé par l'entreprise suisse ABB – à l'origine de ce robot pizzaïolo dont on vous parlait déjà. Selon nos informations, le robot humanoïde, doté de deux bras articulé, est un "cobot" : un robot collaboratif conçu pour assister les humains dans des tâches manuelles. Très sécurisé, il peut s'immobiliser en quelques millisecondes en cas de choc et ainsi éviter de blesser des humains.
Ses bras articulés et sa gestuelle délicate ont permis d'en faire, le temps d'un concert, un vrai chef d'orchestre. "YuMi a démontré à quel point il est intuitif et peut apprendre seul – et à quel point le logiciel imite le mouvement du chef d'orchestre, ressent la musique et peut diriger l'équipe toute entière", a déclaré Ulrich Spiesshofer, PDG d'ABB, après la représentation.
Thanks to ABB’s pioneering technologies, #YuMirobot has become the arms and hands of the human conductor -us pic.twitter.com/sFs7htkRjg
— Ulrich Spiesshofer (@ABB_CEO) 12 septembre 2017
Un apprentissage difficile
Si Andrea Colombini, le chef d'orchestre qui a cédé sa place au robot, admet que "YuMi a atteint un très haut niveau de fluidité gestuelle, avec une incroyable douceur et des nuances expressives", la tâche n'a pas été simple. Le robot a tout appris grâce au procédé de "programmation par guidage" : le maestro a guidé les bras robotiques, lui montrant les gestes à reproduire dans toute leur subtilité.
Au total, 17 heures d'entraînement ont été nécessaires pour que YuMi maîtrise 6 minutes de direction d'orchestre. "L'apprentissage a été difficile, ce n'était pas vraiment le coup de foudre", confie Andrea Colombini à l'AFP. "Au début, j'étais sans cesse énervé parce qu'il n'arrêtait pas de se bloquer, et il fallait 25 à 30 minutes pour le réinitialiser". Tout est bien qui finit bien, l'équipe a pu compléter la "formation" du robot, YuMi et Andrea Colombini sont mêmes devenus "amis" selon les dires du chef d'orchestre.
Une prestation impressionnante mais sans avenir
Résultat, YuMi a livré une performance parfaite, bien supérieure à celle qu'avait donné Asimo, un autre robot créé par Honda, avec l'orchestre de Détroit en 2008. Mais selon les membres de l'orchestre, un robot ne pourra jamais remplacer un chef d'orchestre humain.
"Il est très flexible, il possède la même mobilité que moi, mais il ne peut en aucun cas remplacer la sensibilité et l'émotion d'un chef d'orchestre", explique Andrea Colombini. "Un robot n'a pas d'âme. C'est juste un bras, il n'a pas de cerveau, pas de cœur."
Si, pour le PDG, cet événement "marque l'Histoire" et "écrit l'avenir des applications de la robotique", les musiciens ne sont pas convaincus. L'expérience a été amusante pour l'orchestre philarmonique de Lucca, mais "cela ne représente en aucun cas l'avenir" pour le violoniste Brad Repp, interrogé par l'AFP.
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