
Volodymyr Zelensky s'adresse à la presse lors d'un sommet de l'UE à Bruxelles, le 23 octobre 2025. © Geert Vanden Wijngaert, AP
L'Ukraine et ses alliés européens s'activent, samedi 22 novembre, pour trouver dans l'urgence une réponse au plan de Donald Trump sommant Volodymyr Zelensky de l'accepter rapidement, alors que le président russe Vladimir Poutine a jugé qu'il pouvait "servir de base à un règlement pacifique définitif" du conflit.
"Il faudra bien que cela lui plaise, et si cela ne lui plaît pas, alors, vous savez, ils n'auront qu'à continuer à se battre", a répliqué le président américain face au rejet par Kiev de ses propositions vues par beaucoup en Ukraine comme une capitulation.
Nouveau revirement de Donald Trump concernant le conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, ce document en 28 points prévoyant de la part de Kiev des concessions territoriales et un renoncement à l'Otan a entraîné une frénésie d'échanges diplomatiques.
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé que les dirigeants européens présents à Johannesburg pour le sommet du G20 se réuniraient samedi à ce sujet.
Parmi les nombreux appels et visioconférences organisés dans l'urgence vendredi, le chef de la diplomatie ukrainienne Andriï Sybiga a indiqué avoir discuté avec plusieurs homologues européens, dont ceux de la France et du Royaume-Uni, des "prochaines étapes" à suivre.
Reprenant le message martelé par les Européens depuis deux jours, la Britannique Yvette Cooper a insisté sur X qu'il revenait à l'Ukraine de "déterminer son avenir" et a appelé à "un cessez-le-feu complet" suivi de négociations.
"Perte de dignité"
En cas de refus ukrainien, "les événements qui se sont produits à Koupiansk se reproduiront inévitablement sur d'autres secteurs clés du front", a-t-il menacé, en référence à une ville de l'est de l'Ukraine dont la capture a été revendiquée par son armée jeudi.
Des médias dont l'AFP ont publié ces propositions américaines qui reprennent plusieurs demandes formulées par le Kremlin de longue date, plaçant les Ukrainiens devant dans une situation présentées dans des termes très graves par le président Zelensky dans une allocution vendredi.
"L'Ukraine pourrait être confrontée à un choix très difficile: la perte de dignité ou le risque de perdre un partenaire clé", les Etats-Unis, a-t-il déclaré, estimant que son pays traverse "l'un des moments les plus difficiles de (son) histoire".
Les propositions américaines augurent "une vie sans liberté, sans dignité, sans justice", a renchéri M. Zelensky. "Je présenterai des arguments, je persuaderai, je proposerai des alternatives", a-t-il encore dit, ajoutant: "Je ne trahirai jamais (...) mon serment de fidélité à l'Ukraine".
Garanties de sécurité
Dans la foulée, Volodymyr Zelensky s'est entretenu avec le vice-président américain JD Vance, assurant qu'il "continue(rait) de respecter" la volonté de Donald Trump de mettre fin à la guerre.
Le chancelier allemand Friedrich Merz a parlé au milliardaire républicain en assurant s'être "mis d'accord sur les prochaines étapes".
Selon le texte américain, les deux régions du bassin minier et industriel du Donbass, Donetsk et Lougansk (est), ainsi que la Crimée annexée en 2014, seraient "reconnues de facto comme russes, y compris par les Etats-Unis", et Moscou recevrait d'autres territoires ukrainiens qui sont encore aujourd'hui sous le contrôle de Kiev.
La Russie verrait également son isolement à l'égard du monde occidental prendre fin avec sa réintégration au G8 et la levée progressive des sanctions, ainsi que son souhait d'éloigner à jamais Kiev de l'Alliance atlantique entériné dans la Constitution ukrainienne.
Kiev devrait limiter son armée à 600 000 militaires et se contenter d'une protection par des avions de combats européens basés en Pologne, tandis que l'Otan s'engagerait à ne pas stationner de troupes en Ukraine.
Selon un responsable américain, le plan comprend cependant des garanties de sécurité de la part de Washington et de ses alliés européens équivalentes à celles de l'Otan en cas de future attaque.
Ces assurances n'ont pas suffi à convaincre de nombreux Ukrainiens, qui entrent dans leur cinquième hiver de guerre, soumis à des bombardements quotidiens de l'armée russe dont une frappe mercredi sur un immeuble résidentiel de Ternopil (ouest) qui a fait 32 morts dont six enfants, selon un nouveau bilan.
"Il est clair que tout ça n'a rien de bon pour l'Ukraine. Nous devons simplement nous battre, lutter. Il n'y a pas d'autre solution", a estimé Volodymyr Oleksandrovytch, un retraité de 75 ans interrogé par l'AFP à Kiev.
Avec AFP
