
Une manifestation organisée dans le cadre de la COP30 à Belem au Brésil, le 21 novembre 2025. © Andre Penner, AP
Fin de COP30 imminente en vue sans pour autant de compromis à l'horizon. Alors que les négociations climatiques au Brésil entre près de 200 pays sont entrées vendredi 21 décembre dans les dernières heures officielles, la question des énergies fossiles – pétrole, gaz et charbon – ne fait toujours pas consensus.
Au point que l'Union européenne, sommée de donner des gages aux pays en développement, évoque ouvertement la perspective de quitter Belem "sans accord", ce qui serait un échec humiliant pour le Brésil et cette première conférence climatique de l'ONU en Amazonie.
La présidence brésilienne du sommet, débuté le 10 novembre, a convoqué un petit panel représentatif des pays dans son bureau à 17 h (20 h GMT) pour tenter de dénouer la situation.
Les débats sont focalisés sur le projet d'accord présenté à l'aube, avec une grande omission : il ne contient pas le mot "fossiles", et encore moins la création de la "feuille de route" réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires.
Protestation immédiate de cette coalition informelle, dont la Colombie, qui mène la bataille contre la "prolifération" du pétrole.
"Face à un scénario sans accord"
"Ce qui est actuellement sur la table est inacceptable", a déclaré le commissaire européen au climat, Wopke Hoestra, pour qui "nous sommes vraiment face à un scénario sans accord".
Qui s'oppose ? L'Inde, l'Arabie saoudite et la Russie, rejoints par des pays émergents, a déclaré Monique Barbut, ministre française de la Transition écologique.
"Je mets en garde les médias contre les narratifs simplistes sur les véritables bloqueurs", lui a répondu Romain Ioualalen, de l'ONG Oil Change International, car les négociations portent aussi sur les aides financières et techniques aux pays pauvres "qui sont bloquées par les pays développés".
"Ne nous laissons pas distraire par tout ce bruit. Dans toute négociation climatique, il y aura toujours des accusations. Concentrons-nous sur l'essentiel : l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", répond l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.
Le projet d'accord demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation au changement climatique dans les pays pauvres, mais les pays riches sont réticents à remettre la main au portefeuille après une COP29 qui les a engagés sur dix ans.
Pour la ministre colombienne de l'Environnement Irene Velez Torres, la COP30 "ne peut se terminer sans feuille de route pour abandonner les combustibles fossiles".
Lula dope le camp anti-pétrole
"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", a plaidé le président de la COP30, le diplomate André Correa do Lago.
Dans l'après-midi, il a ajourné plus de quatre heures de réunion infructueuse avec tous les pays et envoyé les ministres se restaurer, leur demandant d'utiliser ce temps de repos "pour réfléchir aux solutions à apporter sur la table", selon des participants dans la salle.
Des négociateurs européens et du groupe arabe se sont réunis autour d'André Correa do Lago. Il a la lourde tâche de mettre d'accord 194 pays et l'UE, membres de l'accord de Paris, pour une adoption par consensus, comme c'est la règle aux COP.
L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, largement responsables du réchauffement climatique, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Dans une année géopolitique mouvementée, avec de nombreux pays occidentaux se détournant politiquement du climat, peu comptaient sur le retour de cette question à l'ordre du jour. Mais le président brésilien Lula l'a relancée au début du sommet, et encore remise au centre du jeu lors de sa visite mercredi, dopant le camp anti-pétrole.
Aucune COP n'a terminé à l'heure depuis 2003, et il est désormais inévitable que celle de Belem se prolonge dans la nuit de vendredi à samedi.
Avec AFP
