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Cyberharcèlement de la DJ Barbara Butch : du sursis à dix mois ferme pour quatre hommes
Quatre hommes ont été condamnés, vendredi, à des peines de quatre mois d'emprisonnement avec sursis à dix mois ferme pour avoir cyberharcelé Barbara Butch. La DJ française avait été prise pour cible après sa participation à la cérémonie d'ouverture des JO Paris 2024.
La DJ française Barbara Butch lors de la 20e édition du festival Rock en Seine à Saint-Cloud, le 25 août 2024. © Anna Kurth, AFP archives

De quatre mois de prison avec sursis à dix mois ferme : telles sont les peines qui ont été prononcées, vendredi 21 novembre, à l'encontre de quatre hommes reconnus coupables d'avoir cyberharcelé la DJ française Barbara Butch après sa participation à la cérémonie d'ouverture des JO Paris 2024.

Les quatre prévenus ont été condamnés pour harcèlement en ligne et menaces de violences, les peines prononcées étant globalement conformes aux réquisitions du parquet.

Le tribunal correctionnel de Paris a en revanche relaxé un cinquième homme, estimant que les éléments constitutifs des infractions n'étaient pas réunis le concernant.

Les messages haineux avaient déferlé sur l'artiste dans la foulée de la cérémonie d'ouverture des JO le 26 juillet 2024.

Sur la passerelle Debilly qui enjambe la Seine, Barbara Butch - un nom de scène - était apparue aux platines, entourée de drag queens, mannequins et du chanteur Philippe Katerine, presque nu et peint en bleu. Ce tableau intitulé "Festivité" avait suscité l'ire des milieux conservateurs et d'extrême droite, qui l'ont interprété comme une parodie de La Cène de Vinci.

Le directeur artistique de la cérémonie, Thomas Jolly, avait démenti toute volonté de choquer et expliqué avoir voulu représenter une "grande fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe", clin d'oeil à "l'olympisme". 

Étudiant, père de famille, aide soignant...

Musicienne ouvertement lesbienne, militante féministe, Barbara Butch avait raconté à l'audience du 25 septembre avoir eu "juste envie de (s)'enterrer et de disparaître à ce moment-là". Elle avait expliqué avoir développé agoraphobie et psoriasis après les faits et prendre depuis des antidépresseurs.

Sa compagne a témoigné à la barre des menaces de viol qu'elle avait, elle aussi, reçues.

L'avocate de Barbara Butch, Me Audrey Msellati, avait insisté sur les conséquences sur la santé de sa cliente, qui a fait des insomnies et des cauchemars pendant des mois, a pris 30 kilos et n'osait plus sortir de chez elle. 

Étudiant, père de famille, aide soignant... Les prévenus présents avaient tous reconnu avoir envoyé les messages, mais pas leur caractère menaçant ou harcelant. Plusieurs ont expliqué avoir été heurtés par la "parodie de la religion".

Un seul d'entre eux, qui n'était pas présent à l'audience, a été condamné à une peine d'emprisonnement ferme, en l'état "non-aménageable", a précisé la présidente du tribunal lors de la lecture de la décision, en soulignant des "actes extrêmement graves". Il s'agit de "violences numériques massives qui s'exercent plus volontiers qu'elles sont dématérialisées", a encore souligné la magistrate.

D'autres artistes impliqués dans la cérémonie d'ouverture des JO ont été cyberharcelés, dont Thomas Jolly. Sept personnes ont été condamnées en mai pour lui avoir envoyé des messages haineux.

Avec AFP