
Kirill Dmitriev, le directeur du Fond russe d'investissements directs, est devenu l'homme de confiance de Vladimir Poutine pour négocier avec les États-Unis un plan pour la fin de la guerre en Ukraine. AP - Maxim Shemetov
Il est le Russe derrière le nouveau plan de paix controversé, promu par les États-Unis pour mettre un terme à la guerre en Ukraine. Kirill Dmitriev a négocié les 28 points de cette proposition qui a fuité dans les médias jeudi 20 novembre et a été vivement critiquée par les pays européens et l’Ukraine.
Ce nouveau plan représente un inventaire de tout ce que le président russe Vladimir Poutine pourrait rêver de mieux comme issue à cette guerre. Il prévoit notamment la cession du Donbass à la Russie, l’interdiction pour l’Ukraine de rejoindre l’Otan, l’obligation pour Kiev d’organiser une élection présidentielle 100 jours après le cessez-le-feu, le retour de la Russie dans le concert des nations ou encore la fin progressive des sanctions économiques américaines contre Moscou.
Même si les États-Unis de Donald Trump sont plus sensibles aux arguments russes que la précédente administration américaine, pousser ce plan de paix à Washington représente une sacrée prouesse pour Kirill Dmitriev. D’autant plus qu’il n’a aucune expérience de diplomate et qu’il n’est devenu le principal négociateur de Vladimir Poutine avec les États-Unis que depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir.
Et avant ça ? Voici cinq choses à savoir sur cet improbable "homme de la paix" russe, sur la liste des sanctions américaines depuis 2022.
Un "enfant de l'URSS" né en Ukraine
L’homme qui veut imposer à l’Ukraine une paix qui ressemble à une capitulation pure et simple est né en 1975 à Kiev. Mais Kirill Dmitriev préfère se présenter comme un enfant de l’Union soviétique plutôt que comme Ukrainien, souligne le site d’informations russe indépendant The Bell.
Il n'est devenu officiellement russe qu’au début des années 2000, dans des circonstances aujourd’hui encore entourées d’un certain flou et dans lesquelles le service russe de renseignement militaire (GRU) semble avoir joué un rôle.
De l'université de Stanford à la haute finance russe
Kirill Dmitriev suit sa famille aux États-Unis à la fin des années 1980. Diplômé de la prestigieuse université de Stanford, il est un temps stagiaire au sein du célèbre cabinet de consultants McKinsey qui lui finance des études supplémentaires en économie à Harvard.
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Peu après son retour en Russie en 2000, met à profit son bagage universitaire pour se lancer dans la finance. Il devient l’un des principaux associés dans la société d’investissement Delta Private Equity Partners dont l’un des fonds - Delta Capital Fund - est connu pour avoir été l’une des sociétés les plus rentables dans l’histoire financière russe offrant un retour sur investissement de 220 %.
Ce "fils de l’union soviétique" est aussi retourné en Ukraine où il a fait des affaires avec l’un des principaux oligarques du pays : Viktor Pinchuk, le gendre de l’ex-président ukrainien Leonid Koutchma.
Un mariage qui le fait entrer dans l'entourage de Poutine
Kirill Dmitriev se marie en 2011 avec la journaliste russe Natalia Popova, connue pour être une amie d’enfance d’une des filles de Vladimir Poutine, Katerina Tikhonova.
Peu après, il devient l’un des protégés de Sergeï Ivanov, alors bras droit du président russe.
C’est Sergeï Ivanov qui va conseiller à ce dernier de nommer Kirill Dmitriev en 2011 au poste qui va le propulser sur la scène internationale : directeur du Fonds russe d'investissements directs (RDIF).
De monsieur Spoutnik V au messager du Kremlin
A ce poste, Kirill Dmitriev s’active pour multiplier les accords d’investissements avec une nette préférence pour les pays du Golfe et la Chine.
Mais ce qui le fait surtout connaître, c’est son rôle dans le financement et la promotion du Spoutnik V, le vaccin russe contre le Covid-19, en 2020. Le RDIF est en effet à l’origine de ce vaccin que le Kremlin a aussi utilisé comme outil de soft-power.
Ce très médiatique effort permet à Kirill Dmitriev d’obtenir une casquette supplémentaire : envoyé spéciale économique de Vladimir Poutine. Il multiplie alors les déplacements aux États-Unis où il intervient régulièrement dans les médias conservateurs américains pour prêcher la bonne parole poutinienne.
Kushner, Trump et la diplomatie parallèle
Si Kirill Dmitriev n’est devenu une figure centrale de l’équipe de négociation russe que depuis moins d’un an, il est actif en coulisse depuis bien plus longtemps.
C’est lui qui, durant le premier mandat de Donald Trump, a contacté Jared Kushner, le gendre de Donald Trump, pour établir une ligne non-officielle entre Moscou et Washington afin d’améliorer les relations entre les deux pays.
Début 2025, Kirill Dmitriev a, de nouveau, joué la carte Jared Kushner pour organiser les premiers contacts officiels entre l’administration Trump et le Kremlin.
