logo

Justice : premières comparutions d'étrangers au pied des pistes de Roissy

Les premiers étrangers non admis en France après avoir atterri à Roissy ont comparu samedi lors d'une audience test, qui s'est déroulée à l’aéroport, dans une annexe controversée du tribunal de grande instance de Bobigny.

Les audiences expérimentales tant décriées ont finalement eu lieu. Les premiers étrangers non admis en France après avoir atterri à l'aéroport de Roissy par un vol international ont comparu samedi 24 juin au bout des pistes lors d'une audience test, qui s'est déroulée dans une annexe controversée du tribunal de grande instance (TGI) de Bobigny.

Absence de visa, d'attestation d'accueil ou de billet retour : les six personnes jugées, dont certaines ont comparu valises aux pieds, ne remplissent pas les conditions d'entrée dans l'espace Schengen.

Parmi elles, Mohamed, un Algérien de 27 ans, arrivé cette semaine du Panama. Il devait rejoindre Alger avec une escale à Paris, mais n'a jamais repris l'avion pour son pays d'origine.

Faute de visa, il a été placé dans la "zone d'attente pour les personnes maintenues en instance" (Zapi), vaste complexe attenant à la salle d'audience, entouré de grilles où les étrangers non admis peuvent être maintenus jusqu'à 20 jours dans l'attente d'une décision d'admission ou de refus.

L'étude de son dossier par la juge des libertés et de la détention (JLD) n'a duré qu'une dizaine de minutes, en présence d'une interprète, d'une fonctionnaire de la police aux frontières et d'une avocate du ministère de l'Intérieur.

Contraire au principe de justice selon les opposants

Mohamed, lui, n'était pas assisté. Les avocats du barreau de Seine-Saint-Denis ont décidé de ne pas participer à ces audiences expérimentales.

Ils protestent contre cette délocalisation du TGI de Bobigny qu'ils jugent contraire aux principes de justice, et notamment à celui de la publicité des débats, l'annexe étant difficile d'accès, au cœur de la zone de fret de l'aéroport.

Après un court délibéré, la JLD a signifié à Mohamed qu'il n'était pas libérable et serait maintenu pendant huit jours supplémentaires dans la Zapi.

Pour Renaud Le Breton de Vannoise, président du TGI de Bobigny, présent à cette audience test, la "proximité de la Zapi" et de l'annexe du tribunal "est un avantage en termes humanitaires".

Dans le système actuel, les étrangers "doivent se lever très tôt, sont transportés par un car de CRS jusqu'au tribunal où ils sont conduits au deuxième sous-sol avant d'être groupés d'une petite salle d'attente borgne" avant d'être appelé à la barre, a-t-il expliqué. Ils ne repartent que "très tard en fin de journée", quand toutes les décisions ont été rendues.

"La dignité, ils s'en foutent. Ce qu'ils veulent, c'est expulser plus vite", s'est de son côté agacé Alexandre Moreau, président de l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé), également présent.

Avec AFP