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Pour commémorer le centenaire de la bataille de Vimy, événement fondateur de la nation canadienne, une association du Pas-de-Calais rend hommage à un soldat canadien mort au combat, en marchant sur ses traces depuis son pays natal.

Le 9 avril 1917, sous des bourrasques de neige, un déluge de feu s’abat sur la crête de Vimy, dans le Pas-de-Calais. À 5 h 30, en ce lundi de Pâques, l’assaut est donné. Quatre divisions du corps expéditionnaire canadien ont pour ordre de reprendre aux Allemands cette position stratégique qui domine la plaine de Lens. Les combats sont terribles. Dans leurs retranchements bétonnés, les forces ennemies ripostent farouchement avec leurs mitrailleuses.

Après quatre jours d’affrontements acharnés, les Canadiens réussissent cependant à se rendre maîtres du terrain. C’est un succès sans précédent dans la la Grande Guerre et une date fondatrice pour le Canada, puisque pour la première fois dans l’histoire militaire de la jeune nation, plusieurs divisions, composées de soldats venus de chaque région du pays, ont été réunies dans une même opération et sous un même commandement. Mais cette victoire a un goût amer, et les pertes sont lourdes : 10 500 hommes hors de combat dont 3 600 tués.

"Son destin nous a touché"

Depuis un siècle, sur cette crête de Vimy, le paysage a gardé les cicatrices de cette bataille. Tout près de l’impressionnant mémorial, des cratères d’obus sont toujours bien visibles. Dans l’esprit de la population locale, le souvenir de ces combats et du sacrifice des Canadiens s’est aussi transmis de génération en génération. Pour le centenaire de la bataille, des habitants de Givenchy-en-Gohelle, la commune où se situe Vimy, ont ainsi voulu rendre hommage à ces soldats d’outre-Atlantique venus mourir dans ce petit coin de France. L’association "L’Odyssée de la culture" a choisi d’allier l’histoire et le sport : "Nous avons eu une idée un peu folle, il y a quatre ans, de marcher sur les pas d’un soldat canadien, depuis son village natal jusqu’à Vimy", explique Catherine Staniszewski, membre de l’association.

Pendant plusieurs semaines, ces passionnés ont épluché les registres pour sélectionner un soldat tombé lors de la bataille de Vimy. Leur choix s’est finalement arrêté sur John Arsenault, du 85e bataillon canadien, mort le 9 avril 1917, après 18 mois de voyage et d'entraînement, et seulement un mois passé sur le front. "Il n’est absolument pas connu. Il n’est dans aucun livre d’histoire, mais son destin nous a touchés parce que c’est un peu monsieur Tout-le-monde. Il était aussi mineur de profession, là-bas en Nouvelle-Écosse, ce qui fait écho à notre région", raconte Catherine Staniszewski.

"Faire revivre l’histoire"

Depuis le 20 mars, ces habitants du Pas-de-Calais sont partis sur les traces de John Arsenault. Leur périple a débuté à Chéticamp, le village natal du soldat canadien en Nouvelle-Écosse, et ils ont parcouru en tout 1 792 km du Canada à la France, dont 300 à pied. Parmi la dizaine de participants se trouvent des membres de la famille du soldat, dont l’une de ses arrières-petites-nièces, Dawn Morrison. Retrouvée par l’association, elle a immédiatement adhéré au projet : “C’est une chance pour moi de faire revivre l’histoire et de manière plus personnelle celle de ma famille. En marchant dans les pas de John, nous essayons de nous mettre à sa place et de comprendre ce qu’il a traversé, lui et tous les autres soldats. Ce n’est pas seulement le parcours de John, mais de tous les Canadiens qui se sont battus et qui sont morts à Vimy".

Une marche de la mémoire qui prend fin le 9 avril sur le lieu même de la bataille. Pour la première fois, les membres de la famille de John Arsenault se rendront sur sa tombe dans le cimetière militaire de Neuville-Saint-Vaast. Dawn Morrison s’en émeut déjà : "Ce sera très solennel et très significatif. Cent ans après, l’histoire de John sera connue". 

Centenaire de la bataille de Vimy : sur les traces d’un soldat canadien