Plusieurs centaines de manifestants ont protesté de nouveau mardi soir dans le 19e arrondissement de Paris, près du quartier où Shaoyo Liu, un ressortissant chinois, a été tué dimanche par le tir d'un policier après avoir agressé son collègue.
Une nouvelle manifestation de protestation contre la mort de Shaoyo Liu, un Chinois de 56 ans tué par un policier dans des circonstances encore floues, a eu lieu à Paris, mardi 28 mars. Une dizaine de personnes ont été interpellées sur les 400 personnes réunies devant le commissariat du 19e arrondissement "pour jets de projectiles", selon la police, qui avait déployé "un dispositif de sécurité important".
En fin de soirée "les manifestants ont quitté les lieux". Quelques "membres de la mouvance contestataire" sont restés sur place. "Un attroupement a eu lieu" avant d'être "dispersé", selon une source policière, pour qui la soirée s'est "plutôt bien déroulée".
Aux cris de "police assassin" ou "injustice, injustice", les manifestants, la plupart issus de la communauté chinoise vivant en France, étaient venus soutenir la famille de la victime et exprimer leur "colère", le poing levé face aux forces de l'ordre.
Paris (19e) - Plusieurs centaines de personnes rendent hommage à #LiuShaoyo.
Les manifestants crient "Police assassins". #mortdeLiuShaoyo pic.twitter.com/c2IYC2ZqQa
La veille, une manifestation au même endroit avait donné lieu à des incidents. Trente-cinq personnes avaient été interpellées, dont neuf étaient toujours en garde à vue mardi soir, selon la préfecture de police.
Shaoyo Liu, père de famille chinois, a été atteint dimanche, à son domicile, par le tir d'un policier usant de son arme de service alors qu'il agressait avec des ciseaux un autre agent, selon la police, qui invoque la légitime défense pour justifier ce tir. La famille de la victime conteste cette version, affirmant que le quinquagénaire "n'a blessé personne" et que l'homme, qui se trouvait avec ses enfants, était "en train de tailler des poissons avec des ciseaux".
Un média chinois accuse la police française de racisme
Sa mort a provoqué des heurts et l'indignation de la communauté chinoise de la capitale, ainsi qu'une vive protestation de Pékin, qui a demandé mardi à la France de garantir "la sécurité et les droits" de ses ressortissants et "exigé" que Paris fasse "toute la lumière sur cette affaire". La sécurité des ressortissants chinois est "une priorité des autorités françaises", a répondu le ministère français des Affaires étrangères.
À Pékin, le quotidien Global Times, au ton souvent nationaliste, s’est emparé de l’affaire, estimant dans un éditorial que la mort de la victime "ne pourra en aucun cas être pardonnée". "Beaucoup de Chinois installés en France pensent que cette affaire reflète les préjugés raciaux de la police française", a estimé le quotidien considéré comme très proche du régime communiste. "Malheureusement, la police parisienne n'a montré qu'indifférence et arrogance dans toute cette affaire", a affirmé le Global Times.
Alors qu'en Chine, les manifestations sont sévèrement réprimées par le pouvoir, le Global Times a publié en une une photo des manifestants asiatiques levant le poing face aux policiers en faction devant le commissariat du 19e arrondissement, lors de la protestation de lundi soir. Selon le médias chinois, des associations de résidents chinois ont prévu d'organiser des manifestations devant des représentations françaises à Rome, Milan, Madrid et Barcelone.
Avec AFP