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Le calvaire des enfants migrants en Libye pointé dans un rapport d'Unicef

Dans son rapport de février 2017, l'Unicef revient sur les périlleux trajets entrepris par les enfants pour échapper à la misère de leur pays d’origine et tenter de rejoindre l'Europe. Presque tous transitent par la Libye, décrite comme un enfer.

"C’est grâce à Dieu si j’ai survécu dans le désert, sans eau, sans nourriture, sans rien. Le gars assis à côté de moi pendant le voyage n’a pas eu cette chance. Quand quelqu’un meurt dans le désert, on jette son corps et on le laisse là où il est. C’est tout. Cela fait sept mois que je suis ici [dans un centre de détention en Libye]. On nous traite comme du bétail. On nous frappe, on ne nous donne ni de nourriture correcte, ni d’eau de bonne qualité. (…) Il y a tant de personnes qui meurent ici…"

Jon [le prénom a été changé] est nigérian, il a 15 ans. Actuellement retenu en Libye dans un centre de rétention. Son témoignage, recueilli par l’Unicef, ressemble à des centaines d’autres. À l’instar de ce jeune nigérian, des milliers d’enfants sont arrivés, parfois seuls, sans leurs parents, en Libye en 2016. Presque tous ont croupi ou croupissent encore dans des lieux d’infamie, des "camps de travail forcé" gérés par des milices armées, où les conditions sanitaires sont déplorables. Il en existe 34 sur le territoire libyen, selon le décompte de l’Unicef. Dans tous ces lieux, pas le moindre traitement de faveur n'est accordé aux mineurs qui partagent les cellules avec des adultes.

Dans son rapport de février 2017, l'Unicef rapporte que près de la moitié de la centaine de rescapés interrogés dit avoir été violés ou abusés. La plupart des enfants, en particulier les filles, affirment aussi avoir été battus par des adultes. "Ils nous ont arrêtés et emmenés à la prison de Zawia. Nous n’avions ni nourriture, ni eau. Ils nous frappaient tous les jours. Il n’y avait pas de médecin, pas de médicament", a raconté une fillette nigériane de 9 ans. Au moment de l’enquête, 256 000 migrants étaient enregistrés en Libye, dont 30 803 femmes et 23 102 enfants.

#ONU - #Méditerranée : l'#UNICEF appelle les #gouvernements et l'#UE à protéger les #enfants #réfugiés et #migrants: https://t.co/suOC30bqcY

— Martii (PrjctMngmnt) (@MartiiGPDSS) 2 mars 2017

Les migrants africains subsahariens moins bien traités que les migrants syriens ou égyptiens

La plupart des victimes racontent que les Africains subsahariens y sont beaucoup moins bien traités que les migrants syriens, ou encore égyptiens. Mais comment éviter le pays ? Le passage Libye-Italie est devenu la première route migratoire pour les Africains subsahariens depuis l’accord conclu avec la Turquie, en mars 2016.

Les groupes armés qui gèrent ces "prisons" profitent du chaos politique libyen pour arrêter tous les sans-papiers qui entrent dans le pays. Beaucoup sont de mèche avec des réseaux mafieux. Pour gagner l’Europe et avoir une chance de sortir de l’enfer libyen, les migrants dépendent donc de passeurs véreux qu’il faut rémunérer une fortune.

Les femmes et les enfants doivent payer entre 200 et 1 200 dollars chacun pour arriver jusqu’en Libye. Après quoi, ils doivent à nouveau rassembler une somme pour traverser la Méditerranée. Le passage est donc devenu une industrie rentable "qui représente plusieurs milliards de dollars", écrit l’agence de l'ONU. "La filière est essentiellement contrôlée par des trafiquants et des gens qui cherchent à tirer parti du désespoir de femmes et d'enfants en quête juste de sécurité et d'une vie meilleure", souligne Afshan Khan, coordinatrice spéciale de l’Unicef pour la crise migratoire. "Les enfants ne doivent pas être contraints de mettre leurs vies entre les mains de passeurs simplement parce qu’ils n’ont pas d’autre choix", conclut-elle.

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