
Les critiques, notamment dans le camp Fillon et Hamon, ne se sont pas fait attendre, mercredi, après l'annonce du ralliement du président du MoDem François Bayrou à Emmanuel Macron, candidat d'En Marche ! à la présidentielle.
Le ralliement de François Bayrou à Emmanuel Macron, mercredi 22 février, a suscité une cascade de réactions dans la classe politique française.
François Bayrou n'était crédité ces derniers jours que de 5 % à 6 % des intentions de vote. Mais sa décision est de nature à faire basculer une grande partie de son électorat potentiel et des indécis dans le camp de l'ex-ministre de l'Économie, voire de convaincre des centristes ralliés à François Fillon de changer de camp, précipitant la recomposition du paysage politique français.
Une mauvaise nouvelle à la fois pour François Fillon, avec qui Emmanuel Macron est au coude-à-coude dans les sondages, et pour le candidat socialiste, Benoît Hamon, d'où des réactions critiques dans ces deux camps.
"C'est la deuxième fois que Bayrou vote Hollande"
"François Bayrou est cohérent avec lui-même : c’est la deuxième fois qu’il vote François Hollande", a ainsi raillé Thierry Solère, porte-parole de François Fillon. Une référence à l’élection de 2012, lorsque, sans donner de consigne de vote, le président du MoDem avait indiqué qu’à titre personnel, il voterait François Hollande. Une prise de position, qui avait été considérée comme une trahison pour la droite.
"François Bayrou rejoint à présent l'héritier parricide du pire président de la Ve République, le candidat de la gauche Emmanuel Macron", a fustigé, de son côté, Bernard Accoyer, secrétaire général Les Républicains. "À défaut de partager une même vision pour la France, Emmanuel Macron et François Bayrou sont liés par une même conception de la politique : absence de projet, absence de conviction, reniements à répétition...", a-t-il poursuivi.
"François Bayrou est fidèle à lui-même, c’est un expert en trahison, en compromission. Après avoir tenu des propos très sévères sur Monsieur Macron, il se rallie. Le plat de lentilles a sans doute été négocié", a fustigé pour sa part le député Les Républicains Éric Ciotti.
La fusion des girouettes a rarement donné le bon cap en politique #8h30Aphatie #franceinfo
— Eric Ciotti (@ECiotti) 23 février 2017"Macron se dirige vers la droite"
Si Les Républicains présentent Emmanuel Macron comme un candidat de gauche dans la lignée de François Hollande, le camp Hamon voit, au contraire, dans le ralliement de François Bayrou la preuve que le leader d’En Marche ! est de droite. "C’est un élément de clarification politique : on sait maintenant qu’Emmanuel Macron se dirige clairement vers la droite", a ainsi pointé Alexis Bachelay, porte-parole de Benoît Hamon.
"On sait maintenant que Marcon se dirige vers la droite" dit Alexis Bachelay porte-parole de Benoît Hamon après le discours de #Bayrou pic.twitter.com/nRz8OIQAsb
— franceinfo (@franceinfo) 22 février 2017"C’est de la politique à l’ancienne où on est capable par perspectives du pouvoir de renier ses convictions", a jugé, de son côté, Jérôme Guedj, porte-parole du candidat de la gauche.
Le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a salué, jeudi, le "sens de la responsabilité" de François Bayrou en fustigeant au contraire ceux qui, à gauche, "font traîner les choses". "Benoît Hamon a tendu la main à Jean-Luc Mélenchon, a même tendu la main à Yannick Jadot. Je trouve que [...] certains hommes politiques prennent des responsabilités", a-t-il affirmé. Et de développer : "Il y en a d'autres qui font traîner les choses et qui devraient prendre bien conscience quand même du fait qu'on a besoin de se rassembler aujourd'hui sur des valeurs, sur des enjeux et sur un projet pour la France".
"Des bonnes vieilles manœuvres d'appareil"
"Il y a derrière une bonne vieille négociation aux législatives, c'est le retour de la vieille politique, des bonnes vieilles manœuvres d'appareil", a réagi la présidente du Front national, Marine Le Pen. "Ce que [Bayrou] disait de Macron était frappé au coin du bon sens, notamment lorsqu'il dénonçait les grands intérêts financiers, qui sont les soutiens de Monsieur Macron, ceux pour lesquels Monsieur Macron se bat et se présente à la présidentielle, qui sont incompatibles avec l'impartialité", a poursuivi la leader frontiste.
"Lorsque #Bayrou dénonçait les grands intérêts financiers qui soutiennent #Macron, il avait pourtant raison." #MLPTF1
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 22 février 2017Sans surprise, Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem s’est félicitée de ce "moment historique". "On a deux partis qui cannibalisent la vie politique française depuis maintenant quarante ans [...] avec le succès qu'on voit [...]. Il faut que ça change, il faut tourner la page, offrir une voie nouvelle", a-t-elle déclaré.