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La répression contre des personnalités du camp réformateur s'intensifie

Les autorités iraniennes ont arrêté des politiciens réformateurs, des journalistes étrangers et des employés de l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran qu'elles accusent d'avoir organisé la contestation post-électorale.

AFP - Le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, travaillant pour l'hebdomadaire américain Newsweek, ainsi qu'un employé local de l'ambassade de Grande-Bretagne sont accusés d'"action contre la sécurité nationale", ont déclaré samedi des avocats.

Plusieurs personnalités du camp réformateur arrêtées depuis l'élection présidentielle du 12 juin sont également accusées d'atteinte à la sécurité nationale, a déclaré à l'AFP Me Saleh Nikbakht.

Les autorités iraniennes accusent des hommes politiques réformateurs, des journalistes étrangers et des employés de l'ambassade britannique d'avoir organisé le mouvement contestant la légalité de la réélection du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.

Le journaliste Maziar Bahari et l'employé de l'ambassade de Grande-Bretagne Hossein Rassam sont tous deux détenus. Les autorités iraniennes, qui détiennent un second employé de l’ambassade britannique, n’ont pas publié leur identité.

"Mohsen Safaie-Farahani, Mohsen Aminzadeh, Mohammad-Ali Abtahi, Abdollah Ramezanzadeh et Behzad Nabavi ainsi que le journaliste Maziar Bahari sont accusés d'action contre la sécurité nationale", a déclaré Me Nikbakht.

"Malgré plusieurs démarches auprès du parquet, je n'ai pas encore réussi à rencontrer mes clients et je ne sais pas dans quel état ils se trouvent", a-t-il ajouté.

Le 1er juillet, Newsweek a réclamé la libération de son journaliste détenu depuis le 21 juin "sans accès à un avocat" et démenti les accusations d'un média iranien selon lequel le journaliste, installé en Iran depuis dix ans, a "pris part à une campagne orchestrée par les médias occidentaux pour promouvoir une couverture irresponsable des nouvelles en Iran".

M. Safaie-Farahani (ancien vice-ministre de l'Economie), M. Aminzadeh (ancien vice-ministre des Affaires étrangères), M. Abtahi (ancien vice-président) et M. Ramezanzadeh (ancien porte-parole du gouvernement) sont membres du Front de la participation, un important parti réformateur proche de l'ancien président Mohammad Khatami.

Behzad Nabavi, ancien vice-président du parlement, est l'un des principaux dirigeants de l'Organisation des moudjahidine de la révolution islamique.

Les deux partis soutenaient la candidature de Mir Hossein Moussavi, arrivé deuxième à l'élection présidentielle.

Un autre avocat, Abdolsamad Khoramshahi, a dit à l'AFP que selon l'un des proches de Hossein Rassam, ce dernier "est accusé d'action contre la sécurité nationale".

Il a dit avoir reçu une demande de la famille pour défendre M. Rassam. "Je ne l'ai pas encore rencontré et je vais en demander l'autorisation au pouvoir judiciaire demain (dimanche)".

La veille, Ahmad Jannati, le chef de la plus haute instance électorale d'Iran, a annoncé que des employés locaux de l'ambassade britannique seraient traduits en justice.

Le chef de la diplomatie britannique David Miliband a ensuite demandé "des clarifications urgentes" à l'Iran alors que l'Union européenne a décidé de convoquer tous les ambassadeurs ou chargés d'affaires iraniens pour protester contre la détention des employés de l'ambassade britannique.

M. Nikbakht a déclaré que "des aveux ou des déclarations à la presse d'accusés se trouvant en prison n'ont aucune valeur juridique conformément à la constitution et aux lois iraniennes".

L'agence Fars, proche du gouvernement, avait publié des "aveux" de M. Bahari qui aurait dit que les journalistes étrangers ou iraniens travaillant pour les médias internationaux faisaient partie de "la machine de propagande du capitalisme libéral".