Le chef de la diplomatie turque a désigné, mardi, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue américain, le réseau de l'imam Fethullah Gülen comme responsable de l'assassinat de l'ambassadeur de Russie à Ankara.
Le ministre des Affaires étrangères turc Mevlüt Cavusoglu a accusé, mardi 20 décembre, le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, bête noire du président Reccep Tayyip Erdogan, d’être "derrière" l'assassinat d'Andreï Karlov, l'ambassadeur de Russie en Turquie.
Selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu, le chef de la diplomatie turque a déclaré à son homologue américain John Kerry, lors d'un entretien téléphonique, que "la Turquie et la Russie savent que derrière l'attaque (...), il y a FETO", acronyme désignant le réseau de Gülen.
Peu après l’assassinat du diplomate, le maire d'Ankara Melih Gökçek et des médias progouvernementaux turcs avaient évoqué la piste guléniste, estimant que l’acte visait à torpiller le réchauffement des relations entre Ankara et Moscou.
"Un acte odieux de terreur"
De son côté, Fethullah Gülen, installé aux États-Unis depuis la fin des années 1990, s'était dit "choqué et profondément attristé" en réaction à l’assassinat d’Andreï Karlov. "Je condamne dans les termes les plus forts cet acte odieux de terreur", a-t-il ajouté dans un communiqué publié lundi soir.
Ancien mentor du président Erdogan, l’imam est également accusé par le gouvernement d'avoir ourdi la tentative de putsch qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet dernier. En réaction, le pouvoir turc a lancé des vastes purges, notamment dans les rangs de l'armée et de la police.
Fethullah Gülen, qui nie toute implication dans le putsch manqué, est à la tête d'un mouvement appelé "Hizmet" ("service", en turc), qui compte un réseau d'écoles, d'ONG et d'entreprises. Le gouvernement turc considère ce mouvement comme une "organisation terroriste" qu'il a baptisé "FETO".
La Turquie a demandé à plusieurs reprises son extradition aux États-Unis, mais l’administration Obama a jusqu'ici répondu que la décision appartenait aux juges.
Avec AFP