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Aux tréfonds du classement mondial en janvier, l’Argentin Juan Martin Del Potro est revenu à son meilleur niveau en à peine dix mois. Avec, à la clé, une consécration collective en Coupe Davis à la tête de l’Argentine. Portrait.

Personne, même dans le petit microcosme du tennis, n’avait vu venir un tel retour. En début d’année, il se disait bien en coulisses que l’Argentin Juan Martin Del Potro en avait terminé avec ses ennuis physiques. Mais de là à imaginer une saison 2016 de cette envergure…

Et pourtant, dix mois plus tard, l’ex-numéro 4 mondial est redevenu l’une des valeurs sûres du circuit. Remonté au 38e rang à l’ATP alors qu’il figurait hors du Top 1 000 au mois de janvier, Del Potro a conclu l’année sur une performance majuscule : ramener pour la première fois la Coupe Davis en Argentine, alors que l’Albiceleste restait sur quatre finales perdues (1981, 2006, 2008 et 2011).

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— Juan M. del Potro (@delpotrojuan) 28 novembre 2016

Le week-end passé, Del Potro a été impressionnant : en guise de mise en bouche, un premier point face à Ivo Karlovic, dès le vendredi (6-4, 6-7, 6-3, 7-5). Puis, deux jours plus tard et après un double qui lui avait échappé, un second point qui restera comme l’un des grands moments de l’histoire de la compétition.

Face au numéro 6 mondial Marin Cilic, "Delpo" s'est offert une fantastique remontée. Mené deux sets à rien, il est finalement sorti vainqueur d’un bras de fer de près de cinq heures (6-7, 2-6, 7-5, 6-4, 6-3 en 4 h 53 min), remettant les siens sur les rails d’une première couronne mondiale. L’apothéose pour l’Argentin, qui a ainsi conclu de fort belle manière une saison en tous points remarquable.

Un retour en grandes pompes

Ces derniers mois, Del Potro a enchaîné les performances : une médaille d’argent aux JO de Rio après avoir écarté Novak Djokovic et Rafael Nadal, un quart de finale à l’US Open, une victoire contre Andy Murray en demi-finale de Coupe Davis et un titre ATP, à Stockholm.

Mieux, il fait partie des six joueurs qui, en 2016, ont totalisé six victoires ou plus face à des membres du top 10. Un statut d’épouvantail qui lui va à ravir, d’autant qu’il est aussi le joueur qui a participé au plus petit nombre de tournois du top 100 à l’ATP : 14, lorsque Dominic Thiem, 8e joueur mondial, en a lui joué 28 sur la même période, à titre d'exemple.

Autant dire que sa 38e place actuelle n’est qu’anecdotique, et que la cuvée Del Potro 2016 vaut sans aucun doute beaucoup mieux. En théorie du moins, puisqu'à l’aube de 2017, une question revient inévitablement : son corps est-il toujours capable d’endurer une saison complète ?

L’éternel Phénix

Vainqueur de l'US Open à 20 ans, la "Tour de Tandil" – du nom de sa ville natale – est malheureusement un spécialiste des retours réussis… puis des rechutes. En 2010, alors qu’il pointait au quatrième rang mondial, une douleur récurrente au poignet droit avait eu raison de ses ambitions. Jusqu'à redescendre aux abords de la 500e place à l'ATP au début de l'année 2011 après une longue période de galère.

Puis, déjà, une première renaissance en 2012. Un statut de top 10 durant près de deux ans, conclu par un retour à son meilleur classement au début de l’année 2014, avant que son poignet gauche, cette fois, ne le lâche à son tour. Le verdict est sans appel : deux ans dans l'anonymat, trois opérations, quatre petits matches joués sur la période et une chute vertigineuse au classement.

Pas de quoi toutefois atteindre le moral du combattant : une fois encore, "Delpo" est de retour. Et si l’on peut souhaiter une chose, c’est qu’il le soit enfin pour de bon, ne serait-ce que pour le plaisir de voir son incomparable gifle de coup droit faire à nouveau des ravages sur les courts.