
Barack Obama a décoré aujourd'hui plusieurs personnalités de la médaille présidentielle de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine. Parmi elles, deux femmes qui ont révolutionné l'informatique : Margaret Hamilton et Grace Hopper.
Il n'y a jamais eu beaucoup de femmes dans le monde de la tech. Il n'empêche que, sans certaines d'entre elles, la technologie et l'informatique n'en seraient certainement pas au même stade aujourd'hui.
Et ce sont ces femmes – en tout cas deux d'entre elles – que la Maison Blanche a voulu saluer aujourd'hui. Le mardi 22 novembre, Margaret Hamilton et Grace Hopper (à titre posthume) ont été décorées de la médaille présidentielle de la Liberté (Presidential medal of Freedom).
Congrats Margaret Hamilton on receiving the #MedalofFreedom today! You helped us make a 'giant leap' on moon landing https://t.co/Nh3ezsn96O pic.twitter.com/5tE7tBv6mp
— NASA (@NASA) 22 novembre 2016
Cette distinction civile – la plus haute aux États-Unis – salue une "contribution particulièrement méritoire pour la sécurité ou les intérêts nationaux des États-Unis [...] ou des efforts remarquables dans le domaine culturel ou autres".
Et des contributions méritoires, ces deux femmes en ont faites, spécifiquement dans le monde de la tech, de l'informatique, des sciences et du langage informatique (oui, tout ça en même temps).
Margaret Hamilton, la mère du logiciel
Margaret Hamilton n'a que 24 ans lorsqu'elle intègre, en 1960, le MIT comme programmeuse. Très vite, elle se retrouve à travailler avec la NASA sur le logiciel informatique du programme Apollo, lancé par John F. Kennedy en 1961.
Elle fait partie de l'équipe en charge de coder l'ordinateur qui gèrera le décollage et l'alunissage des fusées – le premier ordinateur portable soit dit en passant. La bête fait 32 kg, et pour cause : il doit, avant, pendant et après les trajets, faire tous les calculs nécessaires au bon déroulement des opérations. Bref, Margaret Hamilton est en charge de coder le tout premier logiciel de l'Histoire.
Son job consiste à faire des trous dans des cartes perforées
On imagine alors Margaret Hamilton penchée sur un écran, un air concentré et intense sur son visage. Mais on est dans les années 1960 : pour programmer, son job consiste alors à faire des trous dans des cartes perforées, qui sont ensuite lues et traitées par l'ordinateur. Elle amène régulièrement sa fille au travail, pour pouvoir travailler tard et passer du temps avec ses collègues. "J'étais l'un des mecs", raconte-t-elle de cette époque au site Wired. Mais elle confie aussi les remarques désobligeantes qu'elle essuie quand les gens voient sa fille dormir sur le sol pendant qu'elle travaille.
Mais ses sacrifices paient : le 20 juillet 1969, quand le module lunaire d'Apollo 11 s'apprête à se poser sur la Lune, l'ordinateur se met à envoyer des messages d'erreur. Heureusement, l'ordinateur est codé pour traiter en priorité les tâches urgentes si plusieurs requêtes l'amènent au maximum de ses capacités de traitement.
En bref, ils ont fait en sorte qu'au moment fatidique, le programme du module ne bugue pas et gère l'alunissage comme un chef. Un logiciel plutôt réussi, donc.
Margaret Hamilton a aussi fondé de nombreuses entreprises dont Hamilton Technologies, qui continue de créer des logiciels et programmes informatiques.
Grace Hopper, développeuse historique
Il paraît que les femmes ne peuvent pas coder. Grace Hopper est un exemple historique qui prouve que cette affirmation est fausse.
Grace Hopper, née en 1906 et décédée en 1992, était elle aussi une femme hors du commun. Elle intègre l'armée en 1943 pour aider pendant la Seconde guerre mondiale. Une époque où les femmes n'étaient pas nombreuses à ces postes, encore moins au grade de Lieutenant.
L'année suivante, elle est affectée au Bureau of Ordonnance Computation Project de l'université d'Harvard. Elle travaille à partir de là avec Howard Aiken au développement de l'ordinateur Harvard Mark I. Puis Harvard Mark II, Harvard Mark III. Bref, elle code souvent, très souvent. Et dès la fin de la guerre, elle peut se consacrer entièrement à cette activité.
Bug : "premier cas réel de découverte d'insecte"
Deux inventions marquent son parcours. La première est assez anecdotique : un jour, l'ordinateur Harvard Mark II tombe en panne. Grace Hopper en trouve la cause : un "bug" (mite ou papillon de nuit) coincé dans les circuits de la machine. Elle le reporte dans le journal de bord comme le "premier cas réel de découverte d'insecte". Cela fait bien rire ses collègues, mais popularisera surtout au fil des années l'expression de "bug informatique".
Sa deuxième invention, elle, est de taille : certains surnomment Grace Hopper "Mother of COBOL", le COBOL étant un langage informatique. En 1957, elle travaille alors pour IBM. Mais elle trouve les langages de code informatique trop complexes, et voudraient qu'ils soient plus compréhensibles, plus proches de l'anglais.
En 1959, elle met alors au point le COBOL : un langage informatique plus clair, et qui pavera le chemin de la plupart des langages de code après lui.
Son surnom chez ses amis et ses collègues était "Amazing Grace". Maintenant, vous savez pourquoi !
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