
Après une journée de violences, une trêve de 72 heures est entrée en vigueur dans la nuit de mercredi à jeudi au Yémen. Les belligérants affirment vouloir la respecter mais se disent prêts à réagir en cas de provocation.
Comme prévu, un cessez-le-feu de 72 heures initié par l'ONU est entré en vigueur, mercredi 19 octobre, une minute avant minuit au Yémen. Le pays s'était pourtant à nouveau embrasé dans la journée.
Dans un communiqué, la coalition arabe a affirmé "cesser les opérations militaires", tout "en maintenant le blocus" et "les vols de reconnaissance des mouvements des Houthis et de leurs alliés", les forces fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Elle a également souligné que la trêve devrait donner lieu à un accès humanitaire aux zones encerclées par les rebelles, dont la ville de Taëz (sud-ouest).
Pour sa part, un porte-parole des forces progouvernementales a déclaré "respecter la trêve" mais aussi "se réserver le droit de riposter en cas de sa violation". Le président yéménite en exil, Abd-Rabbou Mansour Hadi, a d'ores et déjà dit s'attendre à ce que la trêve ne soit pas respectée. "Nous n'attendons rien d'autre de la part (des Houthis) que du gain de temps et de la procrastination", a-t-il déclaré à l'agence de presse Saba après s'être entretenu avec les ambassadeurs américain et britannique.
À Sanaa, le porte-parole militaire des rebelles, le général Sharaf Lokman, a affirmé dans un communiqué "respecter le cessez-le-feu dans le temps imparti dès lors que l'ennemi s'y conforme totalement aux plans terrestre, naval et aérien".
Trêve renouvelable
Cette trêve renouvelable, annoncée lundi par le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, est la sixième tentative de cesser les hostilités entre les rebelles chiites houthis et les forces progouvernementales depuis l'intervention, en mars 2015, au Yémen d'une coalition arabe sous commandement saoudien.
Des experts estiment cependant que cette trêve a plus de chances de tenir en raison de fortes pressions internationales sur les belligérants et du prix élevé qu'ils payent dans cette guerre.
À l'approche du cessez-le-feu, des combats et des raids aériens ont fait, mercredi, des dizaines de morts, principalement dans le Nord, près de la frontière saoudienne. Un communiqué des forces progouvernementales a donné un bilan partiel de 30 rebelles et de cinq loyalistes tués. Ce bilan n'a pas pu être confirmé dans l'immédiat.
La trêve intervient dans un contexte d'enlisement du conflit qui, depuis mars 2015, a fait 6 900 morts, 35 000 blessés, déplacé trois millions de personnes et dévasté l'économie d'un pays considéré avant même les hostilités comme le plus pauvre de la péninsule Arabique.
Pression de la communauté internationale
La communauté internationale — Washington en tête — a multiplié les pressions sur les belligérants : le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par la coalition de pays arabo-sunnites, et les Houthis pro-iraniens, alliés aux forces de l'ex-chef d'État Ali Abdallah Saleh.
Mardi, le secrétaire d'État américain John Kerry a demandé non seulement le respect de la trêve mais aussi son renouvellement sans conditions. Mais le gouvernement Hadi a posé comme conditions la mise en place d'un comité d'observation de la trêve, la fin du siège de Taëz, grande ville du Sud-Ouest encerclée par les rebelles, et la distribution sans entrave de l'aide humanitaire. Les rebelles s'étaient dit prêts à "un cessez-le-feu durable, global et sans conditions, qui garantira la fin de l'agression [...], et la levée du blocus imposé" par la coalition.
Moins d'une heure après l'entrée en vigueur de la trêve, des actes de violences se sont cependant poursuivis notamment autour de Taëz, dont certains quartiers ont été bombardés par les rebelles, provoquant des accrochages avec les forces loyalistes, ont rapporté des sources militaires et des habitants.
Des positions des pro-Hadi ont également essuyé des tirs à Sarwah, dans la province dans Marib, à l'est de Sanaa, selon les sources militaires loyalistes.
Avec AFP