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Avec ironie et humour, les footballeurs fustigent les propos de François Hollande

Dans un livre à paraître jeudi, François Hollande ne ménage pas les footballeurs français. Ses propos virulents ont été accueillis par les acteurs du ballon rond parfois avec colère, parfois avec une certaine dose d’humour et d’ironie. Florilège.

Décidément, les propos de François Hollande, rapportés par deux journalistes du Monde dans un livre intitulé "Un président ne devrait pas dire ça...", font bien des vagues. Et ce, jusque dans le monde du ballon rond : le président de la République n’a pas épargné les footballeurs au cours des divers entretiens qui ont servi de base de travail pour l’ouvrage cosigné par Fabrice Lhomme et Gérard Dravet.

Fervent amateur de football, le chef de l’État s’est notamment fendu d’une déclaration choc à l’endroit des joueurs qui avaient été sélectionnés lors de l’Euro-2012 : "Il n’y a pas d’attachement à cette équipe de France. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs, partis trop tôt de la France". Il a également déploré l’évolution des mœurs au sein du microcosme footballistique : "Ils sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation. Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal."

Adepte de bons mots, Hollande tance par ailleurs les instances, qu’il estime en partie responsables de cette situation : "La Fédération, c’est pas tellement des entraînements qu’elle devrait organiser, ce sont des formations. C’est de la musculation de cerveau."

"C’est pathétique !"

Sans surprise, les propos du président français n’ont pas manqué de faire réagir les joueurs. Au premier rang desquels les anciennes gloires de la génération 1998, championne du monde avec les Bleus, à l’image d’Emmanuel Petit, le plus virulent d’entre eux. "Depuis trop longtemps, nous sommes regardés avec condescendance par nos chers politiciens. On n'a pas la chance de faire l'ENA, mais je donnerais bien des cours de musculation du cerveau, et même de probité, à la classe politique. Notamment dans l'honnêteté intellectuelle", a assené l’ancien joueur de l’AS Monaco, consultant sur la radio RMC.

Un autre joueur emblématique des Bleus, Franck Leboeuf, a été contacté par le quotidien L’Équipe. Et sans surprise, lui aussi s’est insurgé : "Cela ne me surprend pas que François Hollande exprime ce que la plupart des gens pensent, malheureusement. Mais c'est dommage de descendre aussi bas, surtout par rapport à sa fonction. Il nous met tous dans le même panier, c'est pathétique !"

"Moi, footballeur professionnel français"

Si les réactions à chaud ont plu, certains acteurs du football ont aussi pris le temps d’aller un peu plus loin et de soigner la forme. C’est notamment le cas de l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), qui s’est faite le relais d’ "une lettre ouverte écrite par un ballon, qui connaît, lui, parfaitement bien les bipèdes à crampons".

Un parangon d’ironie qui fustige sans retenue les propos présidentiels, à l’image de cette tirade vitriolée : "Je n’aimerais pas être à votre place – je ne parle pas de la tribune présidentielle du Stade de France ou de celle du Parc des Princes, où je vous vois régulièrement, écharpe et sourires complaisants de rigueur –, à gouverner un peuple de sans-dents et à aimer – oui, aimer, et pas seulement à des fins électoralistes, rassurez-moi – un sport pratiqué par des êtres mous du cerveau, si tant est qu’ils en aient un, si j’ai bien compris le fond de votre pensée."

Enfin, et tout aussi habile, le footballeur du Betis Séville Jonas Martin a publié un texte qui a fait le régal de Twitter et des autres réseaux sociaux. L’ancien milieu de terrain de Montpellier y adapte la célèbre anaphore "Moi, président de la République" à son propre contexte, et non sans humour.