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De l'info, des jeux et de la pub : on vous fait visiter Snapchat Discover en français

La fonctionnalité Discover de Snapchat a été lancée ce jeudi 15 septembre en version française. Elle permet à une poignée de médias sélectionnés de publier des Stories en version pro. On a fait le tour du propriétaire.

Voici ce qu'on a trouvé en passant une heure sur les Snapchat Discover de Vice, Tastemade, Cosmopolitan, L'Équipe, Paris Match, Le Monde, Melty et Konbini.

1. Feu d'artifice d'animations

Waou. C’est notre première réaction en tapotant le Discover francophone. Si le réseau social du gribouillage et du cadrage vite fait mal fait est souvent décrit comme l’anti-Instagram, côté média traditionnel, c'est ultra-léché. À grand renfort d'animations qui mêlent graphisme, vidéos, textes et musique, on entre dans un festival de créations visuelles.

Certaines nous laissent plus dubitatifs : 

En général, on passe d’une thématique à une autre en tapotant ou en switchant vers la droite, et on accède ou approfondit le contenu en glissant vers le haut (quand c’est possible). C’est immersif et ça va vite (parfois trop, on dérape et on peste de tout recommencer depuis le début).

Oubliés les sites avec rubriques où l’internaute choisit dans une liste ce qu’il veut regarder. Discover se rapproche plus d’un Tinder du journalisme : on nous appâte avec des images pour nous faire aller plus loin. Petit petit….

2. De la pub, beaucoup de pub

On n’y coupera pas. Tous les deux clics ou presque, on est assaillis d’annonces. Normal : c’est la seule source possible de financement pour les médias, forcément gratuits sur le réseau social. Et sur Snapchat, pas moyen d’installer Adblock. La bonne nouvelle c’est qu’on peut les passer (pour l’instant) d’un simple tapotement.

3. De la bouffe, du people, de l'insolite, et de l'info "sérieuse mais pas ennuyeuse"

Voilà pour la forme. Sur le fond, les huit médias sélectionnés ont des lignes éditoriales diverses, qu’on retrouve sur Snapchat. Il y a surtout et sans surprise des formats courts, mais aussi un paquet d'articles de taille classique. 

Sur Tastemade (que l’on découvre), on trouve surtout des recettes en vidéos. La mauvaise idée : faire quelquefois du tout sonore. Histoire de faire profiter à l’openspace entier de la recette du tiramisu.

Vice fait du Vice – la plupart des contenus se retrouvent d’ailleurs sur le site internet, dans un format "classique" (texte et photos), avec peu de news. 

Cosmo nous explique comment porter plusieurs bagues avec style ou quels beaux gosses suivre sur Snapchat. Melty fait du people, des séries et du contenu sponsorisé (aujourd'hui c'est Sephora). 

L'Équipe parle de foot et de jeux paralympiques, et met à jour ses contenus au fur et à mesure de la journée.

Mais si certains médias type Melty ou Konbini s’adressaient déjà aux 15-24 ans qui peuplent Snapchat, d’autres ont bien conscience d’avoir l’air décalé du soixante-huitard qui débarque à un festival électro.  

Cosmopolitan adopte la technique "je connais tout le monde" de celle qui s’incruste à une soirée, avec force tutoiements et gifs de Ryan Gosling.

L’Équipe met le paquet sur le visuel : leur Discover fait partie des plus sophistiqués. On n’est pas étonné d’apprendre qu’ils ont embarqué quatre éditeurs, deux graphistes et un motion designer dans le projet.

Le Monde la joue honnête en expliquant sur Discover qu’il souhaite ici "parler à des lecteurs plus jeunes". À la question, un peu impertinente, "pourquoi devrais-je vous lire ?", le quotidien répond sans flancher que "l’actualité, même sérieuse, n’est pas forcément ennuyeuse."

Pas sûr que l’argument soit des plus convaincants, mais côté contenu, le Discover du Monde – qui emploie sept personnes à temps plein – est l’un des plus aboutis. Comme un journal papier, il fonctionne par édition, publiée à 17h30 chaque jour. Le week-end, ce sera une longue histoire le samedi, et une liste de choses à découvrir le dimanche. Dans tous les cas, Le Monde n'y publie que du sur-mesure avec une variété de formats qui donne le tournis.

Une frise chronologique sur Cahuzac, des brèves, une histoire en chiffres et dates sur la cartographie de la Voie lactée, des "fun facts"  animés, une vidéo de volcan en éruption avec incrustations et commentaires. On ne sait pas si ça va convaincre les ados de s’abonner au Monde, mais nous on valide.

Par la suite, il faudra voir si Discover permet aussi de suivre l'actualité chaude dans la journée - ce qui est techniquement possible. 

4. Informer et divertir

En parcourant Discover, on pense  à la devise de La Fontaine, "plaire et instruire", qui est devenue celle d’internet – chez Mashable, on dit "Informer et divertir". Chaque média y va de son quizz, de son jeu, de sa petite vanne avec chats et culture numérique en renfort. Les médias ont bien compris qu’ils entraient en compétitions avec des filtres arc-en-ciel et des Snapchatteurs de génie comme Jeremstar.

Discover divertit, c'est clair. Et l'information dans tout ça ? On en trouve aussi, mais plus par petites touches. Un des risques du format : tomber dans le zapping et de ne rien retenir de ce qu'on vient de voir. 

Gros avantage de Discover sur Facebook : on peut partager des captures d’écran des articles et des petites animations créées par les médias, mais surtout, on peut les customiser et ajouter des filtres à l'infini. On attend le prochain mème qui naîtra de là.

Bilan de l'expérience : on a un peu la tête qui tourne, on a frôlé la crise d'épilepsie et notre batterie est à plat, mais on revient demain.

Quelque chose à ajouter ? Dites-le en commentaire.

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