
Interdite, la manifestation organisée à Téhéran en mémoire de Neda, la jeune manifestante tuée samedi qui est devenue le symbole de la colère des opposants au président Ahmadinejad, s'est achevée deux heures après avoir commencé.
AFP - La manifestation de l'opposition à la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad dans le centre de Téhéran s'est terminée environ deux heures après avoir commencé lundi, avec une très forte présence de la police qui a tiré des gaz lacrymogènes, a rapporté un témoin.
Quelque 500 policiers anti-émeutes et bassidjis avaient quadrillé la place Haft-é Tir, ouverte à la circulation.
"50 à 60 personnes ont été arrêtées", a raconté un témoin.
Le déploiement policier était de grande envergure avec plusieurs centaines de policiers anti-émeutes casqués et armés de matraques, ainsi que des unités de miliciens islamiques du bassidj.
Les voitures qui passaient sur la place et klaxonnaient étaient "marquées" à coup de peinture pour que la police puisse les arrêter plus tard. Des automobilistes qui n'osent pas manifester klaxonnent souvent en guise de contestation.
Les manifestants s'étaient rassemblés à partir de 16H00 sur la place, pour commémorer la mémoire d'une manifestante, Neda, tuée samedi d'une balle dans la poitrine selon une vidéo circulant largement sur la toile.
L'appel à manifester s'était notamment propagé par le biais du réseau social Twitter.
La police a tenté initialement d'empêcher tout rassemblement sur la place, qui est l'une des plus grandes de la capitale iranienne, et où tous les magasins avaient fermés.
Elle a invité d'abord poliment les gens à ne pas rester sur place, puis les ont poussés avant d'en frapper certains.
Un homme était frappé à coups de matraque parce qu'il était assis sur un banc de station d'autobus, selon un témoin.
La police a procédé aussi à des arrestations de personnes isolées. Un témoin a vu au moins dix personnes attrapées et mises dans des véhicules.
Un groupe d'environ 200 manifestants se sont constitués finalement sur un coin de la place. Ils étaient composés d'hommes et femmes de tous milieux sociaux et d'âge divers, selon un témoin.
Le groupe s'est mis à hurler "Dieu est grand", cri de ralliement des manifestants de l'opposition, avant de se disloquer après au moins sept tirs de de grenades lacrymogènes, a dit un autre témoin.
Des groupes de bassidjis, armés de bâtons, matraques et câbles d'acier poursuivaient des manifestants, dont certains étaient ensuite emmenés par la police.
Un groupe de forces de l'ordre appartenait visiblement aux Gardiens de la révolution. Ils étaient en tenue de combat vert avec des motos.
Les Gardiens de la révolution, le corps d'élite de la République islamique, avaient averti lundi les manifestants qu'ils seraient confrontés à une riposte "décisive et révolutionnaire" de leur part s'ils poursuivaient la contestation.
C'est la première fois que les Gardiens (Pasdarans), l'armée idéologique du régime, lancent un tel avertissement depuis le début des troubles qui ont suivi la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin.
Les manifestants ses sont dispersés finalement en fin d'après-midi, selon un témoin.
Les médias étrangers ne sont pas autorisés à couvrir, entre autres, les manifestations de ceux qui contestent la régularité de la réélection du président Ahmadinejad.