Le sénateur de l'Hérault a exhorté le gouvernement à agir pour protéger les viticulteurs du Midi face à la concurrence espagnole. Un appel qui fait suite au sabotage de plusieurs cuves, le 3 août, et qui a déclenché une inondation de vin à Sète.
Après l’œno-tourisme, la France se découvre un penchant pour l’œno-terrorisme. C’est en tout cas ce qui ressort des gros titres de la presse spécialisée anglo-saxonne, qui multiplie les références aux "terroristes du vin" suite au dernier coup d’éclat du Comité régional d'action viticole (CRAV), un syndicat de viticulteurs occitans, dans la nuit du 2 au 3 août dernier.
Les images des milliers de litres de vin s’écoulant dans les rues de Sète (Hérault) suite à un sabotage des cuves du négociant Biron S.A. ont depuis fait le tour du monde. Une véritable "rivière de vin", selon le quotidien local Midi Libre, qui évoque l’action d’un commando d’une dizaine d’hommes encagoulés. Les pompiers sont intervenus vers minuit pour pomper cette coulée rouge, dont les effluves alcoolisées ont continué de flotter toute la nuit sur cette ville cotière du sud de la France.
#Wine terrorists flow town: tens of thousands of litres from giant vats belonging to a merchant in the port of #Sete pic.twitter.com/neqSo27ofA
— WineNews (@WineNewsIt) 4 août 2016Pour voir les images et vidéos sur vos tablettes et mobiles, cliquez ici.
Le CRAV, mouvement réputé pour ses actions musclées, a revendiqué dès mercredi le décuvage sauvage afin de dénoncer l’importation de vin espagnol à faible coup. Le 20 juillet, des membres cagoulés du CRAV avaient saccagé au cours de la nuit des locaux du groupement viticole Vinadeis, près de Béziers (Hérault), en invoquant les mêmes griefs.
L’invasion des "vins espagnolisés"
La dernière action coup de poing du CRAV a fait sortir de la torpeur estivale le sénateur PS de l’Hérault, Henri Cabanel, lui-même viticulteur de profession.Ce dernier a appelé le ministre de l’Agriculture à agir pour protéger la filière française face à une concurrence jugée déloyale.
"Monsieur le Ministre, si je déplore ces actes, je me permets d'insister sur l'urgence à agir", écrit l'élu. "La filière est désabusée et vit la concurrence des pays voisins comme une injustice car la production n'y est pas réalisée avec les mêmes contraintes règlementaires qu'en France".
Le sénateur PS rappelle qu'il avait déjà alerté le ministre en mai sur "la situation préoccupante relative à l'importation de vins espagnols vendus en France entre 30 et 40 euros/hecto, alors que le prix de nos vins se situe entre 70 et 80 euros/hecto".
Le CRAV évoque quant à lui des vins "espagnolisés" pour dénoncer des breuvages qui transiteraient par l’Espagne après avoir été produits à moindre coût en Argentine ou au Chili. Le groupe radical a menacé de mener de nouvelles actions, notamment contre la grande distribution, jusqu’à ce qu’il soit "entendu" par les pouvoirs publics.
Une menace prise au sérieux par le sénateur de l’Hérault, qui décrit un "début de crise" lié également aux pénuries d’eau et aux stocks invendus des caves coopératives.
"Et cela va continuer", avertit Henri Cabanel en référence aux actions coup de poing, "car les viticulteurs sont en colère. Et quand le Midi gronde..."
Avec AFP