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Une pétition a été lancée par des lycéens français d’une cinquantaine de pays pour demander plus de clémence dans la notation d’une épreuve de physique chimie jugée "insurmontable". Déjà 10 000 signatures ont été recueillies.

L’épreuve de physique-chimie du bac 2016 soumise aux lycéens dans les centres d'examens étrangers mardi 7 juin était-elle "insurmontable" ? C’est du moins ce qu’estiment plus de 10 000 candidats et enseignants, qui ont d’ores et déjà signé une pétition réclamant l’harmonisation des notes avec leurs camarades de métropole.

Les lycéens français de l’étranger de la série S, qui ont déjà terminé les épreuves du bac la semaine dernière, mettent en cause une épreuve mêlant des questions "trop ouvertes" et qui ne faisaient pas toujours partie du programme. Pire, selon Kelly Jimenez, lycéenne française vivant au Sénégal et auteur de la pétition, l’épreuve contient une série de "questions déroutantes et inhabituelles rendant l’épreuve très différent[e] et beaucoup plus compliqué[e] que tous les sujets tombés lors des bacs blancs, des années précédentes et des examens des autres centres". Et l’élève scientifique de s’interroger : "À quoi bon soumettre les élèves à des épreuves si sélectives ne rendant pas compte des compétences acquises au cours de la scolarité ?" La question est posée aux académies des centres étrangers et au ministère de l’Éducation.

Un parcours universitaire compromis à l'étranger

Épreuve trop complexe ou mobilisation d’élèves abusive ? Les professeurs sont divisés. Nombre d’enseignants s’accordent en effet à penser que certains exercices proposés contenaient "une succession de questions délicates" qui remontaient parfois au programme de la classe de première, peut-on lire dans les colonnes du Monde. "Qui a pu pondre un bout d’exercice pareil ! s’insurge un autre professeur sur un forum d’enseignants. Je viens de lire précisément cette partie du sujet, et très franchement, on peut pas inventer si on n’a jamais vu". D’autres au contraire ne trouvent rien à redire à l’épreuve. "Sujet original mais parfaitement faisable. Il balaie l’ensemble du programme, les compétences travaillées pendant l’année. Bref je suis très content que mes élèves aient composé sur ce sujet".

Si le problème semble tant préoccuper les lycéens français de l’étranger c'est que, contrairement au système français, où les notes n’ont pas une importance capitale pour la poursuite des études, à l’étranger, les notes du bac sont sérieusement étudiées pour l’admission dans la majorité des grandes universités internationales. "Une note de 14 ou plus en physique-chimie est souvent demandée par les universités anglaises pour des études scientifiques, ce qui veut dire que ce sujet non représentatif pourrait injustement empêcher de nombreux élèves d’intégrer les universités de leur choix", explique sur son blog Emmanuelle Savarit, une chef d'entreprise française résidant en Angleterre et parent d'élève, qui milite pour la valorisation des notes.

La pétition, un classique

Depuis plusieurs années, le recours à la pétition tend à devenir une tradition. "La méthode est désormais devenue classique. Depuis quelques années, les lycéens mécontents de leurs sujets d’examens se connectent sur des plateformes et déposent des pétitions en ligne pour protester contre la difficulté supposée de leurs épreuves", fustige le journaliste du Figaro, Paul de Coustin. Quoi qu’on en pense, la méthode a fait ses preuves. Ainsi en 2014, une pétition similaires portant sur des épreuves de physique-chimie et de mathématiques du baccalauréat avait recueilli plus de 55 000 signatures et amené le ministère de l’Éducation à demander aux correcteurs une notation "bienveillante". Devant le succès de la démarche, les élèves de l’année suivante ont réitéré l’opération pour contester les difficultés d’une épreuve d’anglais en langue vivante 1.

À votre avis, combien de temps avant la pétition annuelle des S ? #BAC2016

— anne bonny (@CreepyKai) 16 juin 2016

Cette année, une autre pétition circule sur les réseaux sociaux pour contester la difficulté d’une épreuve de mathématiques des filières STI2D (Sciences et technologies de l'industrie et du développement durable) et STL5 (Sciences et technologies de laboratoire). On y juge cette fois que "le sujet 2016 était vraiment beaucoup plus difficile que [celui] des années précédentes." La pétition du lycéen, Aslan Slan, n’a recueilli que 90 soutiens. Preuve que le recours aux pétitions n'est pas toujours suivi.