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Euro-2016 : trois supporters russes condamnés à la prison ferme après les violences à Marseille

Trois supporters russes ont été condamnés à des peines allant de un à deux ans de prison ferme pour les violences commises à Marseille, en marge du match Angleterre-Russie de l'Euro-2016. Vingt autres vont être expulsés.

La justice française siffle la fin de la partie. Trois hooligans russes ont été condamnés, jeudi 16 juin, à des peines de un à deux ans de prison ferme pour les violences de samedi à Marseille en marge d'un match de l'Euro-2016. Vingt autres supporters, parmi lesquels le responsable ultranationaliste Alexandre Chpryguine, vont être expulsés.

Ces sanctions sont tombées au lendemain de tensions diplomatiques entre la France et la Russie provoquées par l'arrestation de ces supporters [l'ambassadeur de la France en Russie avait été par le ministère russe des Affaires étrangères]. Le coup de filet a pourtant été réalisé grâce à des renseignements de la police russe, a assuré le procureur de la République, Brice Robin.

Ces 23 Russes font partie du groupe de 43 supporters contrôlés mardi dans le sud-est de la France dans le cadre de l'enquête sur les rixes de samedi, qui ont assombri le début de l'Euro-2016. Les 20 derniers ont été remis en liberté.

Figure de l'association des supporters du Lokomotiv Moscou, Alexeï Erounov, 29 ans, a écopé de la peine la plus lourde, vingt-quatre mois ferme, pour sa participation à une "chasse" aux Anglais ultraviolente près du Vieux-Port. Sergueï Gorbatchev, alias "la Brique", qui dirige à 33 ans un groupe de supporters russes, a été condamné à dix-huit mois de prison ferme. Nikolaï Morozov (alias "Œil"), colosse de 28 ans et supporter très actif du Dinamo Moscou, s'est vu infliger douze mois ferme. Contrairement aux deux autres, il n'apparaît pas sur une vidéo filmée par un hooligan russe lors des violences, qui a été projetée lors de l'audience après être devenue virale sur YouTube.

"Démontrer leur suprématie"

Les affrontements ont été "en grande partie provoqués par des supporters de nationalité russe, particulièrement violents, qui ont voulu démontrer leur suprématie sur les supporters anglais", a souligné Brice Robin.

Ces violences ont fait 35 blessés, majoritairement anglais, dont deux toujours gravement atteints. Aucun hooligan russe n'avait été appréhendé sur le moment.

Les enquêteurs examinent toujours les bandes de vidéosurveillance pour retrouver tous les auteurs de ces agressions dans le cadre d'une enquête pour tentatives d'assassinat.

"Ils se revendiquent" comme hooligans, des "Orel Butchers" du Lokomotiv Moscou et des "Gladiators Firms" du Spartak Moscou, et viennent avec des petites caméras portables "afin d'exhiber leurs prouesses sur les réseaux sociaux", a relaté le procureur. Les "Orel Butchers", qui ont également été vus lors de heurts à Lille mardi, arborent un T-shirt "Tour de France - Fuck Euro-2016".

Le procureur a détaillé leur avancée "en ligne", leur armement progressif avec "tout ce qui leur tombe sous la main" : les premiers font tomber leurs victimes, les suivants "tapent à coups de pied, de poing, et de barre de fer sur ceux qui sont à terre", et une troisième vague "termine" le travail.

Les 20 autres Russes qui vont être expulsés sont âgés de 25 à 40 ans. Aucune charge pénale n'a été retenue contre eux, mais ils se trouvaient à Marseille pendant les incidents. L'un d'eux attire particulièrement l'attention : Alexandre Chpryguine, président de l'Association des supporters russes et collaborateur du député Igor Lebedev, membre du parti d'extrême droite LDPR. Chpryguine a déjà été vu en compagnie du président Vladimir Poutine.

Au total, il y a eu 68 gardes à vue à Marseille pour des violences liées au football depuis le début de l'Euro. Dix-neuf personnes ont été déférées au parquet et 12 condamnées à de la prison ferme. Quatre personnes supplémentaires doivent être présentées vendredi au ministère public.

Dans toute la France, 323 interpellations dont 196 gardes à vue ont eu lieu depuis le début de la compétition le 10 juin, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

Avec AFP