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Venezuela : Maduro menace de durcir l’état d’exception après les manifestations

Au lendemain des manifestations contre le président réprimées à travers le pays, l'opposition vénézuélienne veut maintenir la pression pour faire partir Nicolas Maduro. Celui-ci s'accroche au pouvoir et menace de renforcer les mesures de sécurité.

Le président du Venezuela Nicolas Maduro a menacé mercredi 18 mai de relever le niveau de l'état d'exception, après des manifestations de l'opposition qui ont été réprimées.

"C'est un recours dont je dispose en tant que chef d'État si le Venezuela est le théâtre de violences en vue d'un coup d'État. Et je n'hésiterai pas à le décréter si cela était nécessaire pour combattre en faveur de la paix et la sécurité de ce pays", a-t-il déclaré lors d'une réunion avec ses partisans dans l'est du Venezuela.

Des tensions accrues

À l'appel de la coalition d'opposition, la Table de l'unité démocratique (MUD), majoritaire au Parlement, les manifestants ont essayé en vain mercredi de rejoindre les sièges des autorités électorales dans une vingtaine de villes pour demander l'organisation d'un référendum afin de destituer le chef de l'État. L'opposition a également appelé la population comme l'armée à la désobéissance, après que Nicolas Maduro a décrété l'état d'exception.

Lors de cette troisième journée de rassemblements d'opposition en une semaine, plusieurs milliers de contestataires sont descendus dans les rues du centre de Caracas, la capitale. À plusieurs reprises, les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogènes, provoquant la débandade de centaines de personnes paniquées. Plusieurs manifestants ont été arrêtés et un jeune homme a été évacué sans connaissance.

Si les Vénézuéliens sont de plus en plus en colère face à l'aggravation de la crise économique, nombre d'entre eux ne vont pas manifester, trop occupés qu'ils sont à faire la queue devant les magasins pour se procurer des vivres, et beaucoup ont trop peur pour se joindre à la contestation.

"Une bombe à retardement"

Les chefs de l'opposition estiment que le Venezuela est aujourd'hui une "bombe à retardement" et que, si les gens ne peuvent par la voie démocratique tenter d'obtenir le départ de Nicolas Maduro, ils descendront de plus en plus massivement dans les rues.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et antichavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a collecté début mai 1,8 million de signatures pour déclencher le processus d'un référendum, qu'elle veut organiser d'ici à fin 2016. Le président accuse le chef de file de l'opposition, Henrique Capriles, et les autres dirigeants de la contestation de chercher à mener un coup d'État avec l'appui des États-Unis.

À l'étranger, si certains grands pays d'Amérique latine comme le Brésil et l'Argentine sont repassés récemment à droite, le pouvoir vénézuélien bénéficie toujours du soutien marqué de Cuba, de l'Équateur, du Nicaragua et de la Bolivie.

Dans son pays, Maduro conserve le soutien, bien que déclinant, du noyau dur des "chavistes", qui saluent les projets sociaux lancés sous Hugo Chavez. La cote de popularité du chef de l'État est cependant tombée en dessous de 27 % en mars, selon un sondage.

Avec AFP et Reuters