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RéessayerUne première mondiale. Depuis le 10 décembre, l’Australie interdit la plupart des réseaux sociaux aux moins de 16 ans.
Les géants du numérique comme Facebook, Instagram, Youtube, Snapchat ou TikTok ont désormais l’obligation de bannir les utilisateurs sous cette limite d’âge de leurs plateformes. Une mesure visant à protéger les mineurs de l’exposition à des contenus violents et sexuels, du cyberharcèlement et de l’addiction aux écrans, qui pourrait être prochainement adoptée en France.
Une proposition de loi a été déposé le 18 novembre 2025, par des députés macronistes pour interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans.
Ce texte, qui inclut également un couvre-feu numérique pour les 15-18 ans, est défendu notamment par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal. Le chef des députés EPR (Ensemble pour la République) a annoncé qu’il serait débattu à l'Assemblée le 19 janvier 2026.
Interdire les réseaux et réduire le temps d’écran
La proposition de loi déposée par la députée Laure Miller, et soutenue par 121 parlementaires majoritairement macronistes, défend une interdiction stricte d'accès aux réseaux sociaux, à l’exception des messageries, pour les mineurs de moins de 15 ans. Les plateformes sont quant à elles tenues de vérifier l'âge de manière fiable et de suspendre les comptes existants non conformes.
Le couvre-feu entre 22 heures et 8 heures du matin pour les 15-18 ans vise à protéger le sommeil et limiter l'addiction nocturne.
Enfin, le texte propose d’élargir l’interdiction des smartphones, déjà en vigueur au collège, au lycée et la création d'un délit de "négligence numérique", permettant de sanctionner les parents, en dernier recours, dans les cas les plus extrêmes.
Prison numérique et contenus toxiques
Cette proposition s’inspire des conclusions de la commission d’enquête parlementaire sur "les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs". Elle avait été créée au printemps 2025, suite à des alertes médiatiques, politiques mais également émanant de simples citoyens, sur ses effets nocifs.
Vidéos d’incitation au suicide, à l’automutilation, à la scarification ou aux troubles alimentaires… Son rapport, rendu début septembre, alerte sur les contenus dangereux diffusés sur la plateforme, auxquels TikTok expose, selon elle sciemment, les jeunes utilisateurs.
Il pointe du doigt les mécanismes mis en place pour renforcer l’attractivité du réseaux social chinois, notamment le défilement infini et recommandations personnalisées, et établit un lien entre utilisation excessive et problèmes de santé mentale dont l’anxiété, les troubles du sommeil, troubles alimentaires ou idées suicidaires.
Un usage raisonnable "impossible"
Les contenus diffusés sur les réseaux sociaux ne se résument pas à ces inquiétants exemples. Mais le manque de modération et la logique commerciale des géants du numérique sont pointés du doigt par les défenseurs de l’interdiction.
"Il y a un océan de contenu néfastes et quelques ilots de contenus favorables, mais qui sont pas poussés par l’algorithme" affirme Laure Miller, députée de la majorité et rapporteuse de la commission.
"Les applications de réseaux sociaux sont conçues pour capter l’attention des jeunes et la monétiser afin d’accumuler des revenus publicitaires", rappelle Floriane Didier, de l’association Lève les Yeux, qui sensibilise aux effets des écrans. "On enferme des jeunes dans des algorithmes".
"Un usage raisonnable des réseaux sociaux est un oxymore, ce n’est pas possible", renchérit Laure Miller. "Les jeunes sont addicts, de la même manière que nous pouvons l’être nous adultes, mais ils sont jeunes et plus vulnérables", souligne-t-elle.
Parmi les principaux réseaux sociaux, "aucun ne peut être qualifié d’éthique", conclu la Commission d’enquête. "Tous poursuivent le même objectif, avec plus ou moins d’efficacité et plus ou moins de bonne foi dans les actions qu’ils mettent en œuvre pour limiter leurs effets néfastes sur la santé mentale des jeunes".
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Réessayer
Une pilule dure à avaler ?
Opposés, sans surprise, à l’interdiction, les géants de la tech lui préfèrent un contrôle renforcé de l’utilisation des réseaux sociaux par les jeunes.
Parmi les améliorations évoquées par TikTok figurent l’augmentation de ses équipes de modérateurs francophones, l’élimination des contenus toxiques par le biais d’outil IA ou bien encore la limitation de temps du défilement. Une version plus proche de Douyin, la version chinoise de TikTok, pourrait voir le jour. Celle-ci limite déjà le temps d’utilisation quotidien à 40 minutes pour les 14-18 ans. Meta défend pour sa part l'accès avec consentement parental.
L’interdiction des réseaux sociaux pour les mineurs soulève par ailleurs de nombreuses questions liés aux données personnelles. Car pour se conformer à la nouvelle loi, les utilisateurs devront fournir leur pièce d’identités ou accepter la reconnaissance faciale ; des processus jugés contraignants et intrusifs.
Du côté des principaux concernés, la pilule pourrait également être dure à avaler. En France, les enfants et ados de 6 à 17 ans passent en moyenne plus quatre heure par jour sur les écrans. Un chiffre parmi les plus élevés d’Europe, selon l’étude Gostudent.
Pourtant une large majorité d’entre eux se montrent étonnement réceptifs à l’idée de durcir la législation. Selon une récente étude d’Acadomia, 67 % des jeunes trouvent la mesure d’interdiction aux moins de 15 ans justifiée.
"Les jeunes, en particulier au lycée, lorsqu’ils ont 15, 16 ou 17 ans, sont lucides sur leurs pratiques et en particulier sur celles qu’ils avaient lorsqu’ils étaient au collège", explique Laure Miller. "Ils ont la capacité de prendre du recul. Mais ce n’est pas du tout le cas au collège. Il ne s‘agit pas d’une interdiction générale des réseaux sociaux qui serait de toute façon liberticide, mais bien de protéger les plus vulnérables d’entre nous", conclut-elle.
