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Journée à haut risque au Venezuela où l'opposition appelle à manifester

Au lendemain d'une journée marquée par des tensions accrues entre le président Nicolas Maduro et l'opposition, le Venezuela s'attend à vivre une journée à haut risque, mercredi, avec des manifestations prévues dans tout le pays.

La tension est à son comble au Venezuela, mercredi 18 mai, à quelques heures de nouvelles manifestations de l'opposition pour réclamer l'organisation d'un référendum révocatoire contre le président Nicolas Maduro. Des défilés qui ont d'ores et déjà été interdits par les autorités.

Entre les deux camps, le torchon brûle et ce ne sont pas les déclarations du chef de l'État qui éteindront le feu. Mardi, faisant fi du risque d'attiser un peu plus la colère des Vénézuéliens, le président Maduro a annoncé que le scrutin qui le visait n'était pas "viable", qu'il "n'aboutirait pas", allant jusqu'à accuser l'opposition de "fraude".

Rejet de l'état d'exception

En réponse, l'Assemblée nationale, où l'opposition est majoritaire, a rejeté, mardi soir, le décret présidentiel sur l'état d'exception, publié la veille à l'intiative du président. Les députés, qui ont voté à main levée, ont estimé qu'il "approfondissait la grave altération de l'ordre constitutionnel et démocratique que subit le Venezuela".

L'opposition a également appelé l'armée et la population à la désobéissance civile. En cas de vote négatif des députés, "nous serons, nous Vénézuéliens, dans l'obligation d'ignorer ce décret", avait averti plus tôt dans la journée Henrique Capriles, le principal leader de l'opposition et candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2013 face à Nicolas Maduro, 53 ans.

"Tous les actes que nous considérons nuls car ils violent la Constitution [...], ignorons-les", avait-il ajouté au cours d'une interview à la radio, appelant une nouvelle fois à descendre dans la rue dès mercredi matin pour réclamer un référendum en vue de destituer le chef de l'État.

Henrique Capriles a ensuite demandé à l'armée de choisir entre la Constitution et le président Maduro. "Je dis aux forces armées : l'heure de la vérité est arrivée, celle de décider s'ils sont avec la Constitution ou avec Maduro", a-t-il lancé.

Le bras de fer entre chavistes (du nom du président défunt Hugo Chavez, au pouvoir de 1999 à 2013 et mentor de Nicolas Maduro) et anti-chavistes s'est intensifié depuis que l'opposition a rassemblé début mai 1,8 million de signatures pour lancer le processus d'un référendum pour révoquer le président, qu'elle espère organiser d'ici fin 2016.

Tous les ingrédients semblent donc réunis pour que ce pays, l'un des plus violents au monde, soit le théâtre de débordements mercredi. Les experts pointent le risque "d'implosion" du pays et d'affrontements civils, alors que sept Vénézuéliens sur dix réprouvent la gestion de leur président, selon l'institut Datanalisis.

Pillages, lynchages et protestations se multiplient en effet au Venezuela où l'électricité et l'accès aux services publics sont limités, alimentant un énorme mécontentement parmi les Vénézuéliens qui doivent déjà faire des heures de queue devant les supermarchés.

L’opposition peine malgré tout à mobiliser sa base, explique la correspondante de France 24 dans la région, Marie-Ève Detoeuf. "Le temps n’est plus aux gigantesques manifestations qu’on a connues du temps d’Hugo Chavez, tempère-t-elle. Les gens ont peur et n’ont pas oublié la violence des manifestations de 2014 et la répression qui avait suivi. Et puis comme dit une Vénézuélienne : ‘On est occupé à faire la queue devant les supermarchés, on n’a pas le temps d’aller manifester’".

Le pays a subi en 2015 une inflation de 180,9 %, l'une des plus élevées au monde, et un recul du PIB de 5,7 %, pour la deuxième année consécutive.

Avec AFP