Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad, réélu avec 62,63% des voix, ne fait pas l'unanimité en Iran. Les partisans de son principal adversaire Mir Hossein Moussavi ont manifesté à Téhéran, rappellant les émeutes de 1999.
REUTERS - Des milliers de manifestants ont affronté les forces de l'ordre samedi à Téhéran, au lendemain de la réélection contestée du président sortant, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.
Son rival malheureux, Mirhossein Moussavi, a remis en cause le résultat du scrutin, qualifié de "dangeureuse parodie", et évoqué des irrégularités.
A l'annonce des résultats officiels, des milliers de ses partisans ont envahi les rues de la capitale. Certains criaient "Que sont devenus nos votes?", d'autres scandaient des slogans anti-Ahmadinejad. "Nous sommes aussi des Iraniens" et "Moussavi est notre président", pouvait-on entendre.
La police a fait usage de bâtons pour les disperser.
Des manifestations d'une telle ampleur sont rares en Iran.
Selon le ministre de l'Intérieur, Sadek Mahsouli, un proche d'Ahmadinejad, le président sortant a été largement réélu avec 62,6% des voix, contre 33,7% pour Moussavi.
Ce dernier, dont la candidature était soutenue par les réformateurs, a déclaré qu'il "ne se soumettrai(t) pas à cette dangereuse parodie".
"Le comportement de certains responsables va avoir pour résultat de mettre en danger les fondements de la République islamique et de mener à la tyrannie."
L'ayatollah Ali Khamenei est sorti de sa réserve samedi pour exhorter les Iraniens à respecter la victoire d'Ahmadinejad.
Le guide suprême, qui est le premier personnage de l'Etat, a appelé les candidats battus et leurs partisans à s'abstenir de tout "comportement provocateur"
"Le président choisi et respecté est le président de l'ensemble de la nation iranienne et tous, y compris les rivaux d'hier, doivent lui apporter un soutien unanime, a martelé le religieux dans un communiqué diffusé sur la télévision d'Etat.
De son côté, Ahmadinejad a affirmé lors d'une allocution télévisée que le scrutin s'était déroulé de manière "libre et saine".
Sa très large victoire déjoue les pronostics de la plupart des observateurs, qui annonçaient un duel serré, voire une victoire de Moussavi.
Dans un communiqué, les Etats-Unis, qui ont proposé une reprise du dialogue avec Téhéran, ont dit suivre "de très près l'ensemble de la situation, y compris les informations faisant état d'irrégularités".
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton a dit espérer que les résultats de l'élection reflètent la volonté du peuple.
Samedi soir, l'Union européenne, par la voix de la présidence tchèque, s'est dit proccupée par les fraudes présumées et les violences.