Depuis vendredi, un lycée en rénovation du XIXe arrondissement de Paris est occupé par 150 migrants, lassés de vivre dans le campement de fortune installé près de la station Stalingrad. Les autorités de la région dénoncent une "occupation sauvage".
Quelque 150 migrants occupent, depuis le 21 avril, le lycée professionnel Jean-Jaurès du XIXe arrondissement de Paris. Les occupants sont des réfugiés venant du campement sauvage situé à proximité de la station de métro Stalingrad.
Selon le collectif La Chapelle debout, qui les soutient, il s'agit uniquement d'hommes, de diverses nationalités (afghane, yéménite, soudanaise, érythréenne, somalienne notamment). Sur place, ils bénéficient d'eau et d'électricité.
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"Pour ne plus se laver et se changer dans la rue"
"Vous avez vu dans quelles conditions on vit. Ce n’est pas humain. Nous, on demande juste un peu de considération et de respect, affirme Moussa, un réfugié soudanais, au micro de France 24. C’est pour ça qu’on a décidé de s’installer dans cette école. Pour ne plus se laver et se changer dans la rue. Nous voulons un abri, nous ne sommes pas des criminels. Nous demandons à vivre normalement, comme des êtres humains."
La région Ile-de-France a annoncé avoir "saisi le préfet de police pour demander l'évacuation immédiate de ce lycée qui doit accueillir, après une phase de réfection, les élèves et personnels du lycée régional du bâtiment et des travaux publics actuellement situé dans le XVe arrondissement", a-t-elle indiqué dans un communiqué. "La région portera plainte pour les infractions commises et les éventuelles dégradations qui pourraient découler de cette occupation illégale", a-t-elle ajouté.
Le préfet d'Ile-de-France et préfet de Paris, Jean-François Carenco, a également "dénoncé très fermement (cette) occupation sauvage". "Dans ce pays, c'est la loi qui commande, pas la force. Ils s'attaquent à un établissement non pas vide mais en travaux. C'est une honte. La France est une terre d'asile mais pas une terre de pagaille", s'est-il indigné auprès de l'AFP, estimant que "ces gens sont manipulés" par des collectifs.
Près de 6 500 places d’hébergement mobilisées
Selon la préfecture, 18 opérations de mise à l'abri de migrants présents sur des campements à Paris ont eu lieu depuis le 1er juin 2015, donnant lieu à la mobilisation de 6 453 places d'hébergement.
Ces migrants font partie d'un campement sauvage de "plus de 450 personnes" installé à Stalingrad, selon Valérie Osouf du comité La Chapelle Debout. "Le but (de l'occupation) est de mettre (la maire de Paris) Anne Hidalgo face à ces déclarations, quand elle dit qu'Angela Merkel a sauvé l'honneur de l'Europe en accueillant des réfugiés. Si elle a honte, qu'elle ouvre des gymnases, des endroits pour les accueillir dans des conditions dignes. Cette action est un levier pour entamer une négociation", a-t-elle expliqué.
Ce site a déjà été évacué à plusieurs reprises. En mars, 900 personnes ont été délogées de leur camp de fortune. Quelques semaines plus tard, 400 réfugiés vivent à nouveau sous les voies du métro aérien.
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