Plusieurs dizaines de milliers d'opposants à la loi travail ont de nouveau manifesté samedi dans les grandes de villes de France. Les défilés à Paris, Nantes et Rennes ont été émaillés d'incidents.
Les défilés pour s’opposer à la loi travail ont été émaillés d’incidents, samedi 5 avril. La "mobilisation importante" attendue était, par ailleurs, loin d'égaler celle de la précédente journée unitaire, qui avait rassemblé le 31 mars entre 390 000 et 1,2 million de manifestants. Quelque 26 personnes ont été interpellées, dont neuf dans la capitale, a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
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À Paris, plusieurs milliers de personnes ont défilé l'après-midi de la place de la République à celle de la Nation, sous un ciel menaçant et dans une ambiance bon enfant malgré des incidents isolés (un policier blessé, une personne interpellée) et des jets de projectile en fin de cortège. Vers 17 h, le face-à-face avec les forces de l'ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes, n'était pas terminé. À Rennes, des heurts ont aussi opposé manifestants et policiers, faisant des blessés de part et d'autre. Huit personnes ont été interpellées.
Même scénario à Nantes où les forces de l'ordre ont essuyé des jets de projectiles pendant plusieurs heures. Prises à parties, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes et en faisant usage de lances à eau pour contenir certains manifestants. Au moins quatre personnes ont été interpellées, selon la préfecture.
En début de manifestation à Nantes, un groupe de sept ou huit journalistes, photographes et reporters d'images, a été pris à partie, poursuivi et caillassé par une trentaine de très jeunes gens, vraisemblablement mineurs et ne se réclamant d'aucun syndicat, a rapporté un photographe de l'AFP, lui-même poursuivi. Ces jeunes, visages masqués, cherchaient apparemment à leur voler leur matériel.
"Ça s’essouffle"
Partout la baisse de participation était patente, y compris dans les zones où les vacances n'ont pas commencé, comme à Toulouse où les manifestants étaient entre 8 000 selon la police et 20 000 d'après la CGT, contre 20 000 à 100 000 le 31 mars.
Les cortèges ont réuni également quelques milliers de manifestants à Lyon (4 000), Marseille (3 800), Nantes et Grenoble (environ 2 500), Lille et Rennes (1 700), selon les chiffres des autorités. "On n'a pas peur que ça s'essouffle", a assuré le secrétaire général de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, rappelant qu'en 2006, pour le retrait du contrat première embauche (CPE), la mobilisation avait duré trois mois, y compris pendant les vacances scolaires.
À Paris, Marthe Corpet, trésorier du syndicat étudiant de l’UNEF, s’est dit impressionnée par les concessions que le gouvernement avait faites plus tôt dans la semaine. "C’est bien le signe qu’il y a un problème", explique-t-il à Joseph Bamat, journaliste à France 24. "Cette loi ne fera qu'affaiblir la sécurité d'emploi et augmenter le chômage".
Nuit debout prend le relais
"Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère. De cette société, on n'en veut pas !" crie de son côté une jeune femme au haut-parleur dans la manifestation lyonnaise. "Il y en a marre de l'exploitation capitaliste qui ne fait que s'aggraver", explique à Lille Gérard, retraité de l'enseignement.
Dans le cortège toulousain, des salariés de Continental en grève étaient là, mais aussi des agents hospitaliers, territoriaux, de la CAF, La Poste, des télécoms, de l'Éducation nationale, des cheminots, chômeurs et intermittents.
En soirée, des rassemblements citoyens Nuit debout devaient prendre le relais dans près de 60 villes, notamment pour la première fois à Lille et Nancy, et pour la quatrième nuit consécutive à Toulouse. Ce mouvement citoyen lancé le 31 mars place de la République à Paris dépasse largement les opposants à la loi travail, (réfugiés, mal-logement, précarité, exercice de la démocratie...).
L'Unef et les autres organisations étudiantes et lycéennes seront reçues lundi matin par Manuel Valls, après l'avoir été déjà mercredi par plusieurs ministres.
Pendant ce temps, le projet de loi porté par Myriam El Khomri poursuit son parcours législatif. Les députés de la commission des Affaires sociales ont terminé jeudi son examen, apportant des modifications, notamment sur les mesures les plus polémiques : clarification des licenciements économiques, accords dits "offensifs", référendums d'entreprises.
Avec AFP et Reuters